Après une migration dans la douleur vers Google Workspace pour la bureautique, Airbus souhaite désormais transférer vers le cloud ses principales applications sur site, notamment son ERP, ses systèmes d'exécution de la production, son CRM et la gestion du cycle de vie des produits (conception des avions). Mais pas dans n’importe quel cloud, indique Catherine Jestin, vice-présidente exécutive numérique chez Airbus interrogé par nos confrères de The Register. « J'ai besoin d'un cloud souverain car certaines informations sont extrêmement sensibles d'un point de vue national et européen », explique-t-elle. Tout en ajoutant, « nous voulons garantir que ces informations restent sous contrôle européen ».
Dans ce cadre, un appel d’offres va être lancé début janvier et une décision est attendue avant l’été. Le montant du contrat est estimé à 50 M€ sur 10 ans avec une prévisibilité des prix sur cette durée. Reste maintenant à savoir quels seront les candidats capables de répondre à cet appel d’offres. La dimension européenne ajoute de la complexité et nécessitera probablement une collaboration entre des fournisseurs européens. Catherine Jestin reste prudente en soulignant, « si vous me demandiez aujourd'hui si nous trouverons une solution, je dirais 80 % de chances ».
Une évaluation régulière de Bleu et de S3ns
Lors de sa prise de parole en septembre dernier lors du forum La Mêlée 2025, Catherine Jestin avait notamment indiqué regarder « avec intérêt les solutions de type S3ns et Bleu » pour voir s'ils « cochent les cases en termes d'immunité aux lois extraterritoriales et protection des données, continuité business, technologique et économique ». Des évaluations sont faites assez régulièrement sur ces offres de cloud de confiance mais pour l'instant elles « ne sont pas matures. S3ns l'est probablement plus que Bleu » précisait alors la dirigeante. Depuis aujourd'hui, la co-entreprise entre Thales et Google a reçu officiellement le label SecNumCloud de l'Anssi.
Il est probable que les fournisseurs de cloud américains se positionneront aussi avec leurs offres dites souveraines. Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, la question de la souveraineté numérique commence à devenir un sujet important pour les entreprises françaises et européennes. Dans son bilan 2025, Numeum constatait que ce thème devenait une réalité y compris sur le plan business pour les SSII et les éditeurs.