« L’année 2025 a été complexe pour le secteur du numérique en France avec beaucoup d’instabilité géopolitique et politique », indique Véronique Torner, présidente de Numeum en préambule du rapport sur le bilan des activités 2025 des membres du syndicat professionnel. Mais elle observe les premiers signes de reprise avec une croissance globale de 2% sur l’année écoulée totalisant 71,2 Md$. Les prévisions de début d’année tablaient sur une croissance de 1,8%. Dans le détail, les éditeurs de logiciels et les plateformes affichent une croissance de 8,2% identique à celle de 2024 pour un revenu de 29,1 Md€. Les SSII restent dans le rouge avec une baisse de 1,8% de leurs activités, mais elles font mieux que les prévisions qui annonçaient un recul de 2,1%. Enfin, le conseil en technologies continue de souffrir avec un retrait de 2,5% des revenus.

La GenAI progresse et la souveraineté numérique décolle

Pour Benoit Darde, administrateur de Numeum, plusieurs facteurs expliquent cette embellie de fin d’année. « Les budgets des DSI sont en hausse sous l’effet inflationniste (salaires, TJM, prix des licences), ainsi que le nombre et la taille des projets », souligne-t-il. Parmi les priorités des responsables IT, la sécurité des systèmes d’information est en tête, l’amélioration de l’expérience client suit et l’IA générative se place dans le top 3. Pour le responsable, « la GenAI est vue par 40% des acteurs du secteur comme ayant un impact positif sur les marges et sur le chiffre d’affaires ». Pour les SSII, « la part des projets en IA des clients est de 12% en 2025 et devrait progresser en 2026.  », rapporte Charles Mauclair, président du collège ESN de Numeum. Il constate que « les projets restent encore des PoC, mais il y a de plus en plus de demandes pour de l’industrialisation et le passage à l’échelle ».

Numeum révise sa croissance légèrement à la hausse des revenus des entreprises du numérique.

Autre tendance de la fin de l’année 2025 : la souveraineté numérique. « Elle commence à devenir une réalité », reconnait Benoit Darde. Dans l’étude de Numeum, 80% des répondants déclarent avoir fait au moins 10 projets sur ce sujet dans l’année. Les problématiques portent sur du conseil (étude d’impact, trajectoire vers des solutions souveraines,..), sur la migration vers des cloud de confiance ou sur le choix d’outillage (cybersécurité notamment). Reste que cette tendance reste embryonnaire avec un panier moyen de 150 à 200 K€. Il devrait monter en puissance en 2026, souligne l’administrateur.

Un optimisme affiché pour 2026

Sur les prévisions pour la prochaine année, le syndicat professionnel est optimiste avec une croissance attendue de 4,3% avec un revenu de 74,3 Md€. Les éditeurs continuent de tirer le marché avec un revenu de 31,6 Md€ en hausse de 8,4%. Du côté des SSII et des intégrateurs, la croissance devrait revenir dans le vert  (+1,4% et +1% respectivement). « Ce regain sera dû à une progression de investissements et la mise en place de nouveaux projets », glisse Benoit Darde. Il pense que « l’industrialisation de l’IA générative va s’accélérer et que les DSI regardent avec attention l’IA agentique ».

Les prévisions de Numeum pour l'année 2026 sont plus optimistes y compris pour les SSII et les intégrateurs. 

Reste une incertitude sur l’emploi. En 2024, le secteur du numérique avait perdu 7 500 emplois. « Pour 2025, nous n’avons pas encore les statistique publiques, mais les recrutements devraient rester stables pour un volume d’emplois de plus de 660 000 personnes », explique Benoit Darde. Dans le détail, les SSII ont effectivement moins recruté, car il y a eu moins d’investissements et moins de projets, déclare Charles Mauclair. « Il y a eu une augmentation du recours au nearshore et offshore en passant à 18% en 2025 contre 15,5% en 2024. Et il probable que cette part augmente en 2026 », souligne-t-il. Par contre chez les éditeurs de logiciels, le manque de ressource devrait redevenir un sujet important en 2026 avec le retour de la croissance.