A côté d'éditeurs comme Teradata, implantés depuis longtemps sur les grands entrepôts de données (datawarehouses), ces dernières années ont vu des acteurs de niche tels que Netezza et Datallegro investir le terrain des appliances décisionnelles (couplant matériel et logiciel) avec des technologies brevetées. Pour certains d'entre eux, la réaction ne s'est pas fait attendre à l'annonce de la 'HP Oracle Database Machine', une solution associant dans le même châssis des serveurs de bases de données et des serveurs de stockage. Par communiqué, Christian Raza, directeur des opérations de la filiale française de Netezza (ouverte en juin dernier), estime ainsi que le produit d'Oracle « n'est rien d'autre que du packaging autour de la base de données traditionnelle Oracle 11g ». Une offre, juge-t-il, conçue pour profiter du secteur en pleine expansion « des appliances décisionnelles dont on nous reconnaît la paternité ». Ce fournisseur américain est effectivement installé sur ce créneau depuis sa création, avec une technologie propre d'alimentation rapide de datawarehouse (streaming analytics) et de traitement massivement parallèle. « Nous sommes partis d'une feuille blanche », poursuit Christian Raza, tant sur le matériel que sur le logiciel, soulignant ainsi qu'Oracle n'aurait fait qu'installer sa base sur un serveur HP. Créer un marché de volume sur les appliances décisionnelles [[page]] Indéniablement, le secteur du datawarehouse bouge. « Datallegro, qui ne fonctionne que sur matériel Bull et Dell, a été racheté par Microsoft cet été, et Sun a fait le chemin inverse avec MySQL », rappelle Jean-Michel Franco, directeur des offres chez Business & Decision. Il y a quinze jours, des rumeurs de rachat par SAP ont fait monter l'action de Teradata. Cette hypothèse qui aurait semblé saugrenue il y a quelques semaines apparaît plausible désormais, évalue cet expert en solutions décisionnelles. Tout cela révèle un sérieux changement du marché et préfigure peut-être de nouvelles consolidations, juge-t-il. L'arrivée d'Oracle sur les appliances décisionnelles montre que les grands éditeurs n'entendent plus laisser les petits acteurs seuls sur ce terrain, souligne Jean-Michel Franco. « Il s'agissait d'un marché de niche, même si Teradata y est depuis longtemps et s'il y a beaucoup de nouveaux entrants, comme Greenplum, Vertica ou Cognito de Neocog. Les grands acteurs vont faire en sorte qu'il se transforme un peu plus en marché de volume. » Pour le directeur des offres de B&D, la solution d'Oracle va cibler les datawarehouses de 5 à 10 To pour lesquels Teradata apparaît trop haut de gamme. Il considère qu'en France, les produits de Teradata et Netezza concernent une trentaine de gros prospects. Et d'ajouter : « Microsoft a bien joué aussi, ils vont approcher les très gros ». Teradata : « Notre cible n'est pas tout à fait la même » Interrogé sur la HP Oracle Database Machine, Michel Bruley, directeur marketing de Teradata France, reconnaît qu'il s'agit forcément d'une offre concurrente, « même si notre cible n'est pas tout à fait la même, pas tant en termes de volumes que d'usage, précise-t-il. Nous cherchons à construire des entrepôts de données d'entreprise couvrant l'ensemble des départements -direction commerciale, marketing, logistique, finance, ressources humaines- pour effectuer des croisements et réaliser des analyses transversales. Ce n'est donc pas tant un problème de volumétrie que de complexité de l'usage. » [[page]] A sa création, Teradata s'est effectivement positionné sur les gros volumes (comme l'atteste d'ailleurs son nom). « Jusqu'à la fin des années 90, il y avait peu de systèmes au-dessus du Téraoctet, rappelle Michel Bruley. En France, nos grands datawarehouses atteignent 10 To comme chez Leroy Merlin, et les très gros gèrent entre 50 et 100 To -chez SFR et IBP, par exemple. Mais à l'étranger, nous en avons constitué d'énormes, dépassant les 200 To, et celui d'eBay monte jusqu'à 1 500 To. » Ce dernier, d'ailleurs, viendra témoigner le 19 novembre, lors de la conférence utilisateurs de Teradata. Par rapport aux datawarehouses qui autorisent des analyses de données sur une fonction de l'entreprise (la gestion de la relation client par exemple), Teradata insiste sur sa capacité à permettre à différents profils d'utilisateurs d'accéder simultanément à un entrepôt d'entreprise, insiste Michel Bruley. « Les uns effectueront de l'analyse standard, tandis que d'autres feront du datamining, éditeront des tableaux de bord préparamétrés ou lanceront des requêtes ad hoc, énumère Michel Bruley. Pendant que d'autres utilisateurs, encore, dans un centre d'appels, par exemple, effectueront du scoring sur des clients et que, dans le même temps, il sera possible de lancer des traitements par lots sur certains types de données. » Des traitements qui requièrent que le système supporte une mise à jour des données en temps réel.