La hausse du coût de maintenance annuelle des logiciels SAP, de 17 à 22% du prix des licences (pour le contrat Enterprise Support), ne passe toujours pas chez certains clients français. Pas plus que chez de nombreux autres un peu partout dans le monde. Et, cette fois, le club des utilisateurs SAP francophones (USF) semble avoir trouvé des arguments pour ramener l'éditeur allemand à la table des négociations. Après l'annonce d'une conférence de presse fixée à ce matin, jeudi 2 avril, l'USF a soudain suscité beaucoup d'attention dans l'univers SAP et s'est plus ou moins retrouvé propulsé, par la force des choses, en chef de file des clubs résistants. « Est-ce une coïncidence ou l'effet de la conférence de presse », s'interrogeait ce matin, à cette occasion, le président de l'USF Jean Leroux, « ces derniers jours, nous avons été contactés à plusieurs reprises par la direction de SAP France et nous avons bon espoir de pouvoir faire avancer ce dossier, par l'intermédiaire du Sugen [qui réunit la plupart des clubs utilisateurs SAP dans le monde]. Si nous continuons à progresser à ce rythme, nous allons aboutir à un compromis intéressant, sans rester dans l'émotionnel et en se détachant du discours de la valeur » [NDLR : valeur apportée par les nouveaux services de maintenance, argument avancé par SAP pour justifier la hausse de ses tarifs]. Le dirigeant du club ne souhaite pas être plus précis sur les négociations engagées avec l'éditeur tant que celles-ci n'auront pas abouti. Léo Apotheker, co-PDG, a formalisé des propositions Jean Leroux confie néanmoins que Léo Apotheker, co-PDG de SAP [avec Henning Kagermann], qui reprendra bientôt seul les rênes de la société, a lui-même « pris sa plume pour formaliser un certain nombre de propositions ». Un message adressé aux membres du Sugen (une trentaine de personnes) dont fait partie le président de l'USF. « Les utilisateurs français vivent mal la différenciation avec les entreprises d'outre-Rhin, poursuit Jean Leroux [NDLR : des clients allemands et autrichiens ont pu conserver, dans certaines conditions, le taux de 17% pour 2009]. Nous demandons un étalement, un lissage de l'augmentation du tarif de maintenance qui, actuellement, représente officiellement pour certaines entreprises plus de 8% en 2009. » En France, la hausse du tarif de la maintenance SAP est progressive : elle se traduit par une augmentation d'environ 8% par an sur quatre ans. « Et pour les clients dont l'augmentation du tarif est indexée sur l'Indice Syntec, c'est-à-dire la réalité du marché français, cela prendra pratiquement huit ans », rappelait Pascal Rialland, DG de la filiale française, en janvier dernier. Une réunion téléphonique entre membres du Sugen et SAP ce soir [[page]] L'un des problèmes majeurs, c'est que toutes les entreprises françaises ne sont pas logées à même enseigne. Les grandes structures se sont non seulement protégées contractuellement contre une hausse incontrôlée des tarifs mais, de surcroît, elles ont parfois recours à des services de maintenance supplémentaires, comme Max Attention ou Safeguarding, facturés en sus. « Notre combat vise à protéger les moyennes entreprises qui n'ont pas de service juridique et se trouvent défavorisées par rapport aux clients allemands qui peuvent rester à 17%. » Ce sont ces entreprises qui subissent la hausse de plein fouet. Qui plus est pour une maintenance qu'elles estiment souvent ne pas exploiter pleinement. C'est à l'attention de ces adhérents que l'USF a missionné le cabinet d'avocat spécialisé Feral-Schuhl/Sainte-Marie. Par cet intermédiaire, ils disposeront d'une assistance juridique pour comprendre les enjeux liés à la maintenance (formalisation de contrat, rédaction de clause de révision pour insérer un indice) et, s'ils le souhaitent, mener une action individuelle. La négociation de l'USF avec SAP « porte sur un étalement de la hausse du tarif de maintenance au-delà des quatre années actuelles », consent tout de même à révéler Jean Leroux, en maintenant qu'il « ne souhaite pas en dire plus pour l'instant ». Il reconnait que ces discussions lui prennent énormément de temps. L'USF entend continuer à les mener de façon globale, dans le cadre du Sugen. Une réunion téléphonique se tiendra ce soir, à 23 heures, entre une vingtaine de personnes, membres du Sugen. Un porte-parole de SAP y participera. (*) L'indice SYNTEC mesure l'évolution du coût de la main d'oeuvre pour des prestations fournies.