Deux ans après avoir racheté Sybase et ses bases de données (ASE, IQ, SQL Anywhere), SAP pousse ses clients et prospects vers ces offres d'infrastructure. Des produits qu'il associe par intégration native à HANA, son appliance d'analyse en mémoire. On sait depuis quelques mois que l'éditeur allemand vise la 2e place sur le marché des bases de données d'ici 2015. Pour y parvenir, il lui faudra détourner une partie des clients d'Oracle vers ASE (ou bien vers HANA lorsque la plateforme sera disponible pour les applications transactionnelles).

Intervenant hier matin, à Paris, sur la gestion des données à l'heure des big data, Franck Ladan, directeur commercial de Database & Technology de SAP France, a redit que ce domaine était l'un des cinq piliers de la stratégie de l'éditeur (à côté des applications, des outils analytiques, de la mobilité et du cloud).  « Ce qui guide nos développements, c'est l'innovation », a-t-il réitéré. SAP entend protéger les investissements faits par les entreprises, dans les bases Sybase notamment, tout en les faisant évoluer vers la technologie HANA, sans remise en cause de l'existant. Une base comme ASE, conçue pour gérer les systèmes transactionnels, compte 30 000 clients dans le monde, dont de nombreuses banques. Récemment constituée au sein de la filiale française, l'entité Database & Technology est pilotée par Serge Greger, qui dirigeait jusque-là Sybase France.

Intégration fine entre ASE et HANA, support d'Itanium

« L'ensemble des clients peut profiter de la technologie HANA sans rupture. Nous savons maintenant proposer une réplication en temps réel optimisée entre HANA et ASE pour faire, par exemple, du reporting opérationnel », a poursuivi hier Thierry Pierre, directeur Business Development de SAP France. A l'étape suivante, ASE et HANA ne formeront qu'une seule plateforme au-dessus de laquelle on pourra, via une couche d'abstraction, modéliser directement ses tableaux de bord. « Dans ce cadre, nous travaillons encore sur une intégration extrêmement fine entre ASE et HANA ».

Au passage, Thierry Pierre n'omet pas de signaler que SAP va continuer à supporter les bases de données Sybase sur la plateforme Itanium (exploitée par HP sur ses serveurs Integrity). Un argument de plus pour attirer vers l'éditeur allemand les clients de bases Oracle, inquiets de voir l'éditeur californien en abandonner le support.
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Autres atouts d'ASE avancés face à Oracle : la base nécessiterait moins de matériel pour des performances équivalentes, moins de temps pour former les ressources et un nombre réduit de DBA pour l'administrer. Ce qui lui permettrait d'offrir un TCO plus faible. Du fait de ses caractéristiques agnostiques, ASE s'intègre notamment avec beaucoup d'outils d'administration du marché. La migration serait aussi facilitée. Une opération que SAP a lui-même vécue puisqu'il migre son propre système d'information sur ASE. Toutes les offres SAP sont certifiées sur cette base. « Et nous allons bientôt avoir la certification du cluster ASE », complète encore Thierry Pierre en précisant qu'un « ramp-up » allait démarrer en juillet.

HANA au coeur du PaaS de SAP en pré-bêta

Aux côtés d'ASE, la base Sybase IQ est adaptée aux applications analytiques. Elle pourra être utilisée pour gérer les big data en conjonction avec Hadoop/MapReduce et HANA. Pour justifier le besoin de recourir à l'analyse de données temps réel apportée par HANA, Thierry Pierre a rappelé l'évolution radicale des enjeux métiers. Il cite nombre d'exemples pour étayer son propos comme l'exploitation des données remontées des « smartmeters » pour planifier la consommation électrique, ou les applications tournées vers le B-to-C qui en sont une illustration évidente (« extraire des informations de vente pour avoir un coup d'avance »). Mais faire de la gestion de trésorerie en temps réel peut également être utile quand les variations de marché sont particulièrement fortes.

Autre cas d'exploitation du temps réel avec la base mobile SQL Anywhere. « La mobilité exige beaucoup de performances sur la base de données », pointe Thierry Pierre. « Le cas échéant, SQL Anywhere permet de faire des échanges avec HANA en passant, là aussi, par des outils de réplication ».

« Bien entendu, HANA est au coeur de notre stratégie PaaS [platform as a service] », a poursuivi le directeur Business Development de SAP France en rappelant que cette technologie in memory pouvait s'utiliser avec des applications non SAP. « Notre PaaS est en pré-bêta et sera disponible dans les semaines à venir. Cela permettra à des tiers de développer des applications qui seront monétisés dans notre SAP Store ».