« Nous pensons nous trouver dans une position favorable pour obliger Oracle à continuer de porter ses logiciels sur Itanium », nous a indiqué sans circonvolutions M. Fink, senior vice-président et directeur général des activités Business Critical Systems chez HP à Fort Collins dans le Colorado.. La majorité des clients de la plate-forme HP Integrity utilisent les bases de données de l'éditeur de Redwood Shores : « 25% de nos clients sont sur 11g R2, 75% de ceux qui ne sont pas encore passés à cette version peuvent encore passer de la version 9 ou 10 à la 11, et ce sur plusieurs années encore », nous a précisé M. Fink. En effet, Oracle n'a pas arrêté le support de ces produits, mais uniquement le portage des nouvelles versions de ses applications. Les clients ne sont donc pas encore acculés même s'ils doivent bien sûr prendre en compte cette situation pour l'évolution de leurs solutions au regard des investissements consentis.

Et même si HP ne perd pas son procès contre Oracle, certains clients veulent étudier les solutions alternatives aux SGBD de l'éditeur. Martin Fink nous a ainsi dressé le portrait de 4 clients types utilisant les plates-formes Integrity :

- Les clients qui utilisent les produits SAP sont bien sûr courtisés par l'éditeur allemand. « SAP pousse très fort HANA comme base de données. (...) Sybase ASE est également mis en avant ».

- Certains clients sont obligés de continuer avec Oracle, car ils utilisent, par exemple, les produits eBusiness Suite et PeopleSoft. « Ils sont figés et obligés de continuer avec Oracle et risquent de passer - à terme sur - x86 et Linux pour bénéficier des mises à jour de l'éditeur. Trop de leurs applications sont dépendantes d'Oracle.

- D'autres clients utilisent les bases de données d'Oracle, mais comme blackbox, un module séparé pour faire des tests. « Ils l'utilisent, car ils connaissent bien le produit, mais rien ne les empêchent de passer sur de l'Open Source avec une solution comme Enterprise DB ou PostgreSQL . C'est une très bonne option, car ils peuvent ainsi conserver leurs applications, mais sans dépendre d'Oracle ».

- Enfin, certains clients ont d'ores et déjà indiqué qu'ils passeraient sur Linux et des stacks Open Source.

L'Europe dans une situation particulière

Mais tous ces changements se font très lentement, très graduellement, notamment la migration vers Linux. En Europe, la situation serait d'ailleurs plus compliquée qu'en Amérique du Nord et qu'en Asie du fait des multiples distributions Linux sur le marché. En effet, à côté des trois grandes distributions Linux pour entreprises, Debian, Red Hat et SuSE, d'autres comme CentOS et Mandragore (ex-Mandriva) se sont bien développées en France sur le marché des serveurs. « Les certifications de bout en bout sont plus longues et plus complexes pour les applications critiques. Il faut refaire le travail pour chaque distribution, et cela coute beaucoup trop cher de valider 5 à 6 distributions. Il faut donc faire un choix et limiter à 2 ou 3 le nombre de distributions que nous pouvons supporter et proposer aux clients ».

Pour accompagner ses clients, HP mise d'ailleurs sur Odyssey, son projet de serveur Superdome hybride capable de supporter des lames x86 et Itanium, attendu fin 2013. Progressivement, HP assure le portage des fonctionnalités HP-UX sur Linux et Windows. Le cluster Serviceguard par exemple sera disponible sur Linux dans la seconde moitié de cette année.

Les appliances, un concept marketing ?

Le passage de Martin Fink à Paris était également l'occasion d'aborder d'autres sujets comme le marché des appliances cloud avec la montée en puissance d'IBM - avec ses PureSystems - et d'Oracle -avec sa famille Exalogic sur ce marché. « La gestion de ces appliances reste compliquée. Face à Exadata, par exemple, nous proposons des solutions compétitives avec l'utilisation de composants flash provenant de compagnies comme Fusion-io ou Violin Memory. Ce sont des configurations de référence que nous pouvons proposer à la majorité de nos clients. Le marketing des appliances est bien perçu par les clients qui aiment beaucoup l'idée de la simplification. La réalité est bien différente avec une mise en oeuvre toujours complexe (voir témoignages club utilisateurs Oracle). La plate-forme HP Integrity va également connaître des évolutions avec l'arrivée de la prochaine génération de puces IA-64 attendues à la fin de l'année. Connus sous le nom de code Poulson, ces Itanium seront gravés en 32 nm (contre 65 nm aujourd'hui pour les Tukwila) et intégreront jusqu'à huit coeurs et de 50 Mo de cache, selon les premières informations livrées par le fondeur de Santa Clara. Les processeurs Pulson seront l'occasion pour Intel de tester certaines technologies qui pourront ensuite arriver sur les puces x86 pour serveurs et PC, explique Dean McCarron, analyste chez Mercury Research. Ces processeurs mettront à la fois l'accent sur les performances et la maitrise de la consommation d'énergie.