Quatre ans après avoir atteint le milliard de dollars de ventes sur un an, c'est sur un seul trimestre que Salesforce.com a réalisé ce chiffre d'affaires. Entre le 1ermai et le 31 juillet 2013, la société de Marc Benioff a engrangé 957 millions de dollars, soit une progression de 31% par rapport à l'an dernier. Il est vrai que les résultats de ce 2ème trimestre fiscal tiennent compte en partie de l'importante acquisition d'ExactTarget (pour 2,5 Md$), spécialisé dans les logiciels de marketing en ligne. Celle-ci a été réalisée début juin et finalisée en juillet. Salesforce.com a néanmoins dépassé les prévisions des analystes. L'éditeur de logiciels de CRM en mode SaaS a également dégagé un bénéfice net de 76,6 M$, alors qu'il affichait l'an dernier une perte nette de 9,8 M$.

Sur le trimestre, les abonnements aux applications en ligne ont représenté 903 M$ (+31% par rapport à l'an dernier) et les services et autres revenus, 54 M$. Marc Benioff profite généralement de ces résultats semestriels (1,85 Md$ de chiffre d'affaires sur six mois, avec 8,8 M$ de bénéficie net) pour livrer des pistes sur les orientations stratégiques de sa société. Il n'y a pas manqué cette fois-ci encore.

A la présidence, Keith Block, un ancien d'Oracle

En juin dernier, Keith Block, l'ancien directeur commercial d'Oracle, tenu pour jouer un rôle important dans la croissance de la société de Larry Ellison, a été nommé président de Salesforce.com et vice-chairman. Il avait dû quitter Oracle l'an dernier après la révélation de certains propos critiques qu'il avait tenus sur le président Mark Hurd (via une messagerie instantanée) au sujet du procès qui opposait la société à HP sur le dossier Itanium. Keith Block vient jouer un rôle important et inoccupé jusqu'alors dans la stratégie de Salesforce.com, a souligné Marc Benioff la semaine dernière.

Le CEO a expliqué qu'il y avait un domaine qui n'avait pas été complètement optimisé jusque-là au sein de sa société, dans la distribution en entreprise et dans la capacité à approcher les plus gros clients dans le monde avec des solutions hautement personnalisées pour leur secteur d'activité. « Vous avez vu comment Keith a exécuté cette stratégie extrêmement bien chez Oracle pendant les 26 dernières années et nous attendons avec impatience de le voir mettre en oeuvre une stratégie similaire pour Salesforce », a déclaré le CEO californien. De surcroît, Keith Block a débauché un responsable des ventes d'Oracle, Tony Fernicola, qui est peut-être, selon Marc Benioff, le plus talentueux responsable commercial « de tous les temps chez Oracle ».

Après Oracle, Salesforce vise une alliance avec SAP

En juin dernier, Salesforce.com avait fait une pause dans les invectives à l'encontre d'Oracle en signant un accord technologique avec la société de Larry Ellison. D'ailleurs, l'éditeur de solutions en SaaS a longtemps utilisé la technologie d'Oracle sous le capot de sa plateforme, en dépit des joutes verbales auxquelles se livraient régulièrement les deux CEO. Cet accord prévoit également qu'Oracle intègre les applications CRM de Salesforce avec ses propres logiciels financiers et de gestion des ressources humaines (HCM). Dans sa conférence téléphonique, jeudi dernier, Marc Benioff a pourtant déclaré qu'il espérait créer une alliance similaire avec SAP. « Je pense que c'est dans l'intérêt de leurs clients et des nôtres que Salesforce travaille bien avec Oracle et avec SAP et, même, avec Microsoft, parce que nos clients veulent tirer profit des investissements qu'ils ont faits », a-t-il indiqué.[[page]]

En 2011, Salesforce avait lancé des services de conseil et d'intégration pour que les utilisateurs des solutions SAP puissent relier leurs systèmes avec les siens, notamment sur la partie collaborative. Sur ce terrain, l'éditeur a réalisé au cours du trimestre « une des plus importantes transactions de notre histoire », a pointé Marc Benioff, signée avec le distributeur de produits alimentaires Sysco, déjà client de Salesforce. Le CEO a expliqué que cela permettrait à Sysco d'associer à son back-office SAP des capacités de front-office orientées clients que l'éditeur allemand ne pouvait pas leur apporter. « Je pense que de nombreux utilisateurs de SAP se trouvent dans une situation équivalente », a estimé le dirigeant californien qui a également fait une allusion au portage des logiciels Salesforce sur la base de données en mémoire HANA, technologie poussée à fond par SAP depuis deux ans.

Avec ExactTarget, Salesforce vise 1 Md$ dans le marketing

Par ailleurs, en rachetant ExactTarget en juin dernier, Salesforce.com a réalisé la plus importante acquisition de son existence. « Le marketing va devenir une source de revenus annuelle de 1 milliard de dollars pour Salesforce.com », a justifié Marc Benioff. Pour tirer le maximum de ce rachat, les commerciaux devront faire comme s'il n'y avait pas de différences entre vendre ExactTarget Marketing Cloud, le Sales Cloud, le Service Cloud ou la plateforme, a indiqué le CEO. Il a précisé qu'une de ses plus importantes tâches en ce moment consistait à combiner les équipes de vente des produits marketing. Avec le temps, les entreprises peuvent tabler sur une application qui englobera ExactTarget et la solution d'analyse des réseaux sociaux Radian6 que Salesforce a racheté en mars 2011 et sur laquelle s'appuie son offre Marketing Cloud.

La prochaine conférence Dreamforce qui se tiendra à San Francisco en novembre sera la plus importante jusqu'à présent, a annoncé Marc Benioff qui assure que 120 000 personnes s'y sont inscrites à ce jour. L'an dernier, la fréquentation avait tourné autour de 90 000 personnes. Salesforce avait proposé des sessions gratuites, ce qui a sans doute contribué à les attirer. Mais les attentes de cette année semblent particulièrement élevées.

Pour le trimestre en cours (3ème trimestre de son exercice fiscal 2014), Salesforce.com prévoit un chiffre d'affaires situé entre 1,05 Md$ et 1,055 Md$, soit une progression de 33 à 34% par rapport à l'an dernier. Et sur l'exercice 2014 complet (qui s'achèvera fin janvier 2014), l'éditeur californien projette un chiffre d'affaires compris entre 4 et 4,025 Md$ (entre +31 et +32%).