Avec Vista, on allait voir ce qu'on allait voir. Comme à chaque sortie d'un nouveau Windows, Microsoft a misé énormément sur ce produit, et la communication de l'éditeur a été à la hauteur de ses espérances : énorme. Mais bien évidemment, les retards se sont accumulés, et la sortie en fanfare de Windows Vista s'est retrouvée décalée à janvier 2007. Toute la communication de Microsoft s'est ensuite concentrée sur le rythme d'adoption de son système d'exploitation, forcément jugé très bon par l'éditeur. Sauf que les statistiques des cabinets d'analyse sont venues plomber la fin de l'année. Dès novembre 2006, à quelques jours du lancement de l'OS pour les entreprises, Forrester prévient que l'adoption de Vista sera lente. Et Dell met les pieds dans le plat en indiquant qu'il faudra prévoir un surcoût, pour passer à 2 Go de RAM minimum. De son côté, Microsoft ne voit pas de raison pour une entreprise de ne pas adopter Vista : pour l'équipe Vista, l'OS est mieux sécurisé et moins cher à administrer que les précédents Windows. Le 30 novembre 2006, Vista est disponible pour les entreprises en licences en volume ; « Welcome to a new day », proclame Microsoft. Mais l'impact sur un système d'information est tellement énorme que LeMondeInformatique.fr explique dans un dossier spécial pourquoi il est urgent de ne pas se presser. D'ailleurs, la moitié des PC de bureau des Etats-Unis serait incapable de passer à Vista, explique un cabinet d'études. Conscient du problème, Microsoft lance fin février une série d'outils d'aide à la migration, ainsi qu'une liste d'applications compatibles ou certifiées. Et en avril, suite à une décision de justice, Microsoft se trouve contraint d'expliquer ce que le logo Windows Vista Capable appliqué sur les PC signifie ; en l'occurrence, cela ne garantit pas du tout que le PC supporte les fonctions les plus avancées, et partant les plus intéressantes, de Vista. Le véritable test aura lieu avec la mise à disposition pour le grand public. Pour le coup, Ovum est optimiste sur le rythme d'adoption de Vista par les particuliers. Sauf qu'en France, on apprend rapidement que Vista sera 40% plus cher. Finalement, c'est en direct de New York que Steve Ballmer lance Windows Vista et Office 2007 le 30 janvier 2007. Le budget marketing est colossal. Un petit exemple à l'échelle française : de longues publicités Microsoft, avec une Flavie Flament transformée en vendeuse de téléshopping, squattent les écrans. Les premiers rapports sur l'adoption du système d'exploitation ne sont guère encourageants. Ainsi, selon Gartner, il n'y a pas eu d'effet Vista sur les ventes de PC. On apprend aussi qu'un grand compte comme le ministère américain aux Transports fait passer un mémo pour interdire jusqu'à nouvel ordre toute migration vers Vista. Et les utilisateurs se plaignent sur le site 'boîte à idées' de Dell, Ideastorm : ils veulent la possibilité de commander des machines sous XP. En Grande-Bretagne, les revendeurs rapportent que la première question qui leur est posée est de savoir si une licence Vista permet de repasser à XP ! [[page]] Parallèlement en effet se joue le sort de Windows XP. Dans un premier temps, Microsoft annonce que XP prendra sa retraite chez les constructeurs en janvier 2008. Comme le montre l'exemple de Dell, il ne faudrait pas que XP vive trop longtemps afin que Vista s'impose plus facilement. Car les premiers clients de Microsoft, ce sont les OEM. Auprès de qui les ventes se passent plutôt bien, explique l'éditeur. Lenovo signe par exemple un contrat global de 1,3 Md$ avec Microsoft - certes, pas que pour du Vista. Mais Microsoft est formel : Vista doperait son chiffre d'affaires et ses bénéfices. Fin juillet, Steve Ballmer dit avoir écoulé plus de 60 millions de copies de Vista, et indique : « A la fin de notre année fiscale 2008, il y aura plus de PC sous Windows dans le monde qu'il n'y a d'automobiles. » Si l'on établit une moyenne entre les analyses d'IDC et celles d'In-Stat, Vista n'a que peu d'influence sur les ventes de PC. Comme le signalait Dell avant sa sortie, ce sont surtout les fabricants de mémoire vive qui se frottent les mains. Preuve que les entreprises hésitent à migrer, Microsoft publie en juin un nouvel outil pour évaluer le degré de compatibilité d'un parc matériel, et lui adjoint un autre outil en juillet pour évaluer le TCO (coût total d'exploitation). Puis Microsoft en ajoute une louche sur la plus grande sécurité de Vista par rapport à XP. En plein mois d'août paraît une étude - commanditée par Microsoft - qui explique que 95% des logiciels les plus vendus seraient compatibles avec Vista. Malgré ces efforts de communication, on ne se hâte pas de migrer. D'après Xiti, le démarrage de Vista est plus lent que celui de XP en son temps. Et l'organisme établit ses mesures sur des OS installés et utilisés, non sur les ventes aux OEM. Forrester indique que les entreprises attendent le SP1 de Vista, voire l'arrêt du support de 2000 et de XP. Gartner fait le même constat. Un cabinet d'aide aux utilisateurs préconise même d'attendre six mois après le SP1 pour passer à Vista... alors même que la date de sortie de ce premier service pack recule sans cesse, pour être établie finalement au premier trimestre 2008. Fin septembre, une enquête auprès des DSI américains montre qu'une majorité d'entre eux n'ont pas de projet de déploiement. Les raisons de cet attentisme ? En termes technologiques, Vista n'apporte pas énormément de nouveautés. Il n'est même capable d'exploiter pleinement le potentiel des processeurs multi-coeurs. En outre, Windows 2000 remplit toujours son office, XP a été grandement stabilisé, et le système d'exploitation serveur correspondant à la génération de Vista n'est pas sorti : ce sera Windows Server 2008. Du coup, pour satisfaire les clients, Microsoft réintroduit XP en catimini : en septembre, l'éditeur met en place un programme permettant aux acheteurs de PC avec Vista pré-installé de revenir à XP. Une semaine après, on apprend que les OEM auront finalement jusqu'au 30 juin 2008 pour proposer XP. Et les premiers tests du SP1 de Vista ne sont guère encourageants : d'après une société spécialisée dans les benchmarks, le service pack apporterait des gains de performance insignifiants. Forrester de conclure : le premier concurrent de Vista, c'est XP. Et il le restera encore quelque temps. Jusqu'à l'arrivée de Windows Seven ?