"Welcome to a New Day". C'est par cette laconique formule que Nick White, chef de produit chez Microsoft, annonce le lancement de Vista sur le blog consacré à l'OS. Si cette sortie ne concerne, pour l'heure, que les revendeurs et les entreprises détentrice d'une licence en volume - les particuliers et les entreprises dépourvues d'une licence en volume devront attendre le 30 janvier 2007 -, elle marque une étape d'une importance capitale pour l'éditeur de Redmond, cinq ans après le lancement de Windows XP. En même temps que Vista, débarquent également le gestionnaire de courriels Exchange Server et la suite bureautique Office, toutes deux également frappée du sceau 2007. De fait, Microsoft réalise là, en combinant ces trois produits, le plus important lancement de son histoire. D'autant que le géant du logiciel tire l'extrême majorité de ses revenus des seuls Windows et Office. Pour l'heure, Vista est d'ores et déjà disponible en Asie et en Océanie et Microsoft célèbrera en fanfare l'arrivée de ses produits phares en Europe et en Amérique du Nord tout au long de la journée. Des événements sont ainsi prévus à Munich, Londres, Paris, Toronto et New York. Un long fleuve pas tranquille La feuille de route du lancement de Vista n'a toutefois pas été un long fleuve tranquille et fut émaillée de plusieurs obstacles. A commencer par le décalage, annoncé en mars, de la date de commercialisation. Initialement, en effet, les versions destinées aux particuliers devaient leur parvenir avant 2007. Un retard qui avait conduit IDC à rectifier à la baisse ses prévisions de ventes de PC. En mai, c'était au tour de Gartner d'évoquer la quasi-impossibilité pour Microsoft de tenir les délais et prédisait un lancement entre avril et juin 2007. Les prophéties du cabinet se sont donc révélées fausses. Les inextricables différends opposant Microsoft et la Commission européenne ont également perturbé les préparatifs de la sortie de Vista. En septembre, Bruxelles soulevait le risque de muselage de la concurrence que faisaient courir les nombreuses fonctions de sécurité incluses dans l'OS. Microsoft réagissait aussitôt en accusant l'exécutif européen de s'acharner contre lui et de concourir à retarder le lancement de Vista. Dans la foulée de la Commission, certains éditeurs - Symantec et Adobe en tête - ont également accusé Microsoft de profiter de sa position dominante pour écraser encore un peu plus un marché qu'il domine outrageusement. Soucieux de rassurer - et surtout de sortir so produit dans les temps - l'éditeur de Redmond consentait, en octobre, à en modifier le code pour contenter à la fois les éditeurs de solutions de sécurité et Adobe. Un accueil incertain Reste une question de taille. Quel accueil sera réservé à Vista ? Si Microsoft se montre bien évidemment optimiste - il envisage une adoption deux fois plus rapide que pour les précédentes versions de Windows - les positions varient du tout au tout d'un cabinet d'analystes à l'autre. Forrester prévoit ainsi une adoption lente de l'OS, alors qu'Ovum prédit "la migration la plus rapide à ce jour". Gartner table sur un rythme poussif conduisant à ce que 10% des PC soient équipés de Vista d'ici à la fin 2007 et IDC estime que 90% des machines vendues aux particuliers l'an prochain seront fournies avec une des éditions familiales de Vista. Selon ce dernier institut, l'adoption par le milieu professionnel sera plus lente en revanche : à peine plus d'un tiers des PC vendus aux entreprises en 2007 seront équipés de Vista. Au-delà des divinations des analystes, des éléments objectifs existent et contribuent à entretenir quelques doutes sur le succès de Vista et d'Office. Là où Microsoft dominait sans partage il y a cinq ans, l'écosystème a changé et l'éditeur doit composer avec ces bouleversements. Le monde de l'Open Source est, par exemple, plus présent. Google a fait son apparition et est devenu l'un des concurrents pantagruéliques de Microsoft. Reste que le principal obstacle à l'adoption de Vista pourrait être Microsoft lui-même, les utilisateurs de Windows XP ou 2000 étant susceptibles de ne pas voir l'intérêt de changer un système d'exploitation qui fonctionne plutôt bien (du moins largement mieux que 98).