Comme pré-annoncé, Atos a confirmé hier ses mauvais résultats sur son exercice fiscal 2021 avec un chiffre d’affaires de 10 839 millions d’euros en recul de 4,3% en organique et de 2,5% à taux de change constants, trois semaines après avoir présenté une réorganisation du groupe en trois branches laissant présager la possible cession de certaines activités. La marge opérationnelle de 383 M€ ne pèse que 3,5% du chiffre d’affaires contre 9% l’an dernier. Le flux de trésorerie est négatif à -419 M€ (contre 513 M€ en 2020) et le résultat net part du groupe est une perte de 2,96 Md€ (contre un bénéfice de 550 M€ en 2020). La dette nette s’établit à 1,2 Md€ contre 476 M€ en 2020 et le bénéfice par action est de -1,97 € contre 6,65€ en 2020. Hier, le directeur financier d'Atos, Uwe Stelter, a par ailleurs annoncé qu'il quitterait le groupe début mai. En février, la SSII avait annoncé une dépréciation d'actifs de 2,4 Md€.

Les résultats 2021 reflètent les « importantes difficultés » auxquelles le groupe de services numériques français a dû faire face en 2021, indique Rodolphe Belmer, directeur général de l’entreprise depuis début janvier seulement, après le départ cet automne d’Elie Girard. Atos explique que le recul significatif enregistré sur les services IT classiques n’a pas pu être compensé par la croissance enregistrée vers le digital, le cloud et la sécurité, ni par l’apport des acquisitions réalisées sur l’année (Processia, Idéal GRP, Ipsotek, VisualBI, Appcentrica, Nimbix Datasentics, Cloudreach et Cryptovision). A cela s’est ajouté une réévaluation inattendue des coûts futurs sur un grand contrat de BPO (externalisation des processus métiers) dans les services financiers au Royaume-Uni, ainsi que des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement. Au 4ème trimestre, le chiffre d’affaires d’Atos a baissé de 8,9% en organique et de 7,5% à taux de change constants. Sur l’exercice, hormis en Europe du Sud (+3%), le chiffre d’affaires est en baisse sur toutes les autres régions : Amérique du Nord (-4%), Europe du Nord (-3%) et Europe Centrale (-6,8%) à taux de change constants.

Un plan de transformation détaillé en mai

Pour redresser la société, un plan de transformation se prépare avec des objectifs à moyen terme. Il sera détaillé en mai 2022. Comme indiqué le 10 février, la nouvelle gouvernance sera structurée autour de trois lignes de métiers et de quatre régions. Ce plan « constitue une première étape majeure de la transformation du groupe », indique Rodolphe Belmer qui rappelle les positions « de premier plan »  d’Atos dans la cybersécurité, le calcul haute performance (HPC), le cloud et le digital. Début février, des rumeurs indiquaient que Thalès s'intéresserait à la division cybersécurité du groupe. Dans le HPC, Atos a récemment lancé le superordinateur BullSequana XH3000, conçu et fabriqué à Angers. Dans le domaine du cloud, il vient d’annoncer Structura-X pour une infrastructure cloud européenne répondant aux standards de Gaia-X. 

Les difficultés rencontrées par le groupe français vont continuer à peser sur son chiffre d’affaires au premier semestre 2022 et sur sa profitabilité. Atos espère pourtant une amélioration au second semestre avec un chiffre d’affaires en hausse à taux de change constants ce qui l’amène à prévoir, sur l’ensemble de l’année, entre -0,5% et +1,5% de croissance sur le chiffre d’affaires (à taux de change constants), une marge opérationnelle de 3 à 5%% et un flux de trésorerie disponible situé entre -150 M€ et 200 M€.

La capitalisation boursière d'Atos s'établit aujourd'hui à seulement 3,2 Md€ (le cours de son action s'est ouvert à 29,5 € ce matin et chutait de plus de 13,5% à midi), moins du tiers de son chiffre d'affaires, ce qui en fait une cible potentielle de rachat. Le groupe, dirigé jusqu'en octobre 2019 par Thierry Breton, désormais commissaire européen, a quitté le CAC 40 en septembre 2021 après des mois de baisse en bourse. A la fin du mois de décembre, Atos employait 109 135 salariés, contre 104 430 personnes à fin décembre 2020 (+2,9% en organique).