En janvier 2010, Oracle obtient enfin l'autorisation de racheter Sun ainsi qu'il en avait manifesté l'intention en avril 2009. Entre ces deux dates, les autorités de régulation, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, ont mené l'enquête afin de s'assurer que cette absorption ne risquait pas d'entraîner un déséquilibre concurrentiel, en particulier sur le marché des bases de données (avec le passage de MySQL chez Oracle). Au fil des mois, de nombreux défenseurs de l'Open Source s'étaient également inquiétés des incertitudes que ce rachat faisait peser, non seulement sur l'avenir de MySQL, mais aussi sur celui d'OpenSolaris et sur les évolutions du langage de programmation Java.

Désormais, la balle est dans le camp d'Oracle. Trêve de spéculations, la société de Larry Ellison va maintenant être jugée sur pièces. Son PDG fondateur a affirmé qu'il voulait être, comme IBM le fut dans les années soixante, un acteur global proposant une offre complète étroitement combinée, allant de l'infrastructure matérielle jusqu'aux applications. Il n'a jamais fait mystère qu'il convoitait Sun principalement pour Java et pour le système d'exploitation Solaris. En revanche, des questions se posent encore, notamment autour des processeurs Sparc. Dès février, Oracle annonce qu'il prépare une machine virtuelle Java unique. Il prévoit de fusionner son JRockit avec HotSpot, de Sun.

Jonathan Schwartz quitte le navire, d'autres suivent

Mais quelques jours à peine après le feu vert du rachat, le PDG de Sun, Jonathan Schwartz, annonce son départ de la société. Et, très vite, d'autres lui emboitent le pas. En mars, ce sera au tour de Simon Phipps, patron de l'Open Source de Sun, puis de Tim Bray, co-inventeur du langage XML, et de Martin Mickos, responsable de MySQL. En avril, James Gosling, le créateur de Java, quitte  lui aussi l'entité Oracle/Sun.

Quelques jours plus tard, ce sont les utilisateurs d'OpenSolaris, version communautaire du système d'exploitation développé par Sun, qui se font entendre. Oracle a pris du retard pour livrer la dernière version de l'OS (prévue en mars) et il reste bien silencieux à ce sujet. Certains membres du conseil de gouvernance d'OpenSolaris (l'OGB) se disent prêts à dissocier leur code source de celui d'Oracle. Les relations vont progressivement se dégrader entre les deux parties. En juillet, l'OGB envoie un ultimatum à l'éditeur. En août, ce dernier laisse entendre qu'il privilégiera la version commerciale de l'OS, ce qui entraîne la dissolution de l'OGB. Mais la fin annoncée d'OpenSolaris a suscité des projets dérivés, Illumos par exemple.

Des feuilles de route sur 5 ans pour Sparc et Solaris

S'il contrarie les partisans d'OpenSolaris, à l'inverse, Oracle rassure les utilisateurs des serveurs à base de processeurs Sparc. Il esquisse pour ces derniers et pour le système d'exploitation Solaris une feuille de route sur cinq ans, annonçant un Solaris 11 Express pour les développeurs d'ici la fin de l'année et Solaris 11 pour 2011. [[page]]La version Solaris 10 9/10 sort cet été.  John Fowler, patron de l'activité matérielle, précise par ailleurs que les lignes de serveurs x86 équipés de processeurs AMD seront arrêtées et les gammes standardisées sur les puces Intel.

Parallèlement, le groupe de Larry Ellison prépare sa grande conférence annuelle, OpenWorld, qui doit avoir lieu fin septembre à San Francisco. Il y annoncera des serveurs équipés du processeur Sparc T3 qui intègre jusqu'à 16 coeurs, une puce que l'on avait craint de voir abandonnée après le rachat de Sun.
Dans le cadre d'OpenWorld se tient aussi JavaOne, le rassemblement des développeurs Java. Cette année, Google, grand habitué du rendez-vous, n'y participera pas car Oracle vient de porter plainte contre lui. Il l'accuse d'avoir enfreint certains copyrights liés à Java lors du développement de son OS mobile Android.

Le support de MySQL démarre à 2 000 dollars

Sur JavaOne, l'acquéreur de Sun indique que les versions 7 et 8 de l'OpenJDK, le kit de développement Java, sont programmées pour 2011 et 2012. Il prévoit alors qu'elles continueront à se baser sur la version libre du langage de programmation, la communauté participant aux décisions sur les fonctionnalités à inclure à ces JDK 7 et 8. Deux mois et demi plus tard, les spécifications officielles de ces deux évolutions sont approuvées par le comité exécutif du JCP (Java Comity Process), malgré les oppositions de Google et d'Apache.

Début novembre, Oracle relève sensiblement le tarif du support de la base de données Open Source MySQL. L'abonnement à 599 dollars, que Sun pratiquait encore un an plus tôt, n'apparaît plus dans la tarification. Le support de l'éditeur démarre désormais à 2 000 dollars avec la Standard Edition. Pour débourser moins, il faudra se tourner vers des offres de services alternatives comme celles que proposent SkySQL ou Monty Program.

Mi- novembre, comme il l'avait annoncé, Oracle livre Solaris 11 Express, version du système d'exploitation destinée aux développeurs. Il présente également un aperçu de Solaris 11 qui sera livré en 2011.

En décembre, le repreneur de Sun annonce le Sparc Supercluster, une infrastructure serveur haute performance en cluster pour base de données. Cette configuration vient directement concurrencer les offres d'IBM et HP. Quelques jours plus tard, Oracle indique qu'il va porter sa distribution Enterprise Linux sur les environnements Sparc.

Un an après l'acquisition de Sun Microsystems, Oracle semble donc bien s'être engagé dans la direction annoncée par Larry Ellison (lorsqu'il se voyait en digne héritier de l'IBM de Thomas Watson) et vouloir devenir un constructeur à part entière. L'avenir nous dira s'il y parvient. Les ventes de serveurs des prochains mois fourniront un indicateur de la confiance que les entreprises accordent à la marque Oracle.