Chaque mois de juin voit converger à la Porte de Versailles l’écosystème français de Salesforce. Ce World Tour Paris en est à sa 10ème édition cette année. Le spécialiste du CRM dans le cloud y reconstitue l’univers et l’ambiance à la fois bourdonnante et feutrée (par l’épaisse moquette verte) de sa grand-messe californienne Dreamforce. Comme à San Francisco, on y est maintenant accueilli à grand renfort de signalétique Trailblazer, nom par lequel le fournisseur désigne depuis deux ans les utilisateurs qui se forment sur son site Trailhead à ses technologies et logiciels de CRM, gestion des services, marketing et e-commerce dans le cloud. « Un trailblazer, c’est un pionnier qui trouve de nouveaux horizons (…) et qui transforme sa société » sur fond de 4ème révolution industrielle, a décrit le Français Alexandre Dayon, président et responsable de la stratégie de Salesforce, en ouverture de l’événement.

L'édition 2018 du World Tour Paris a accueilli plusieurs milliers de visiteurs (l'éditeur a enregistré 10 000 inscriptions). (crédit : LMI/MG)

Chaque année, ce rendez-vous parisien est aussi l’occasion pour l'éditeur américain de faire valoir le nombre d’emplois induits par l’utilisation de ses logiciels cloud, dans le monde et à l'échelle de l'Hexagone, dans les entreprises qui les ont déployés et à travers l’activité générée par ses partenaires. D’autant plus sur cette édition 2018, un mois après que Marc Benioff a décidé d’investir 2 milliards d’euros dans l’Hexagone sur 5 ans, annonce faite en avril en marge d’une visite à Washington du président de la République française (retwittée alors par Emmanuel Macron). D’ici 2022, la « Salesforce Economy » en France aura un impact de 20,1 milliards d’euros « en termes de création de valeur » avec « 150 000 emplois créés dans l’écosystème dans les 5 prochaines années », a indiqué Alex Dayon en se référant à une étude d’IDC régulièrement réactualisée. Il s'agira pour les trois quarts d'emplois indirects. L'éditeur possède en France deux centres de R&D, à Paris et Grenoble, ainsi qu'un datacenter.

Parmi les clients de Salesforce en France, Alexandre Dayon a notamment cité Upsa, Adecco, Coty, KparK. (Crédit : LMI/MG) Agrandir l'image

Mulesoft, le plus gros chèque de Salesforce

Cette année encore, c’est Parker Harris, co-fondateur de Salesforce, qui s’est déplacé à Paris (la précédente intervention de Marc Benioff sur l’événement remontant maintenant à 2015). Le chief technology officer de l'éditeur californien a remis l’accent sur l’arrivée d’Essentials, version de Salesforce qui se configure de façon très simplifiée « en quelques minutes » pour les PME et start-ups qui ne peuvent pas se payer de consultants pour installer l’application. « Nous revenons aux racines de Salesforce », a souligné Parker Harris en rappelant que la solution SaaS s’adressait à des PME lorsqu’elle a été créée il y a 19 ans. Dans un tout autre domaine, celui de l’intégration interapplicative, le CTO est revenu sur l’acquisition récente de Mulesoft, « le plus gros chèque » fait par l’éditeur jusqu’à présent pour un rachat. Si Salesforce a consenti un tel effort financier, c’est que l’intégration est un exercice difficile. « Il faut avoir un logiciel très simple pour faire des API, pour le on-premise et le cloud, pour réaliser une architecture unifiée pour toute l’entreprise », a-t-il exposé, en français dans le texte. « C’est un élément fondamental de notre architecture qui va nous permettre d’unifier beaucoup de produits et de créer des expériences clients unifiées grâce à ce bus d’API », a complété à sa suite Alex Dayon.

Parker Harris, co-fondateur de Salesforce, lors du point presse ce matin. (crédit : M.G.)

Ainsi, comme l’éditeur l’avait annoncé en avril sur sa conférence développeurs TrailheaDX, Mulesoft va devenir la pierre angulaire de son cloud d’intégration, l’objectif principal étant de permettre « la création d’une vue unique sur les clients » et d’obtenir ainsi des informations sur ce qui se passe en temps réel à travers la même interface utilisateur, nous a-t-il expliqué par la suite lors d’un point presse en citant en exemple l’avionneur Airbus. Le groupe franco-allemand était effectivement à l’honneur ce matin sur le World Tour Paris 2018. Il fait partie des clients communs entre Salesforce et Mulesoft (le bus d’API lui permet d’utiliser les données gérées dans son ERP SAP pour sa relation client). Son utilisation de Salesforce est encore toute récente. L’application n’est déployée que depuis 7 mois, mais c’est avant tout une révolution dans ses façons de travailler, a expliqué François Caudron, vice-président senior, responsable du marketing chez Airbus. Dans ses processus de vente B-to-B, de nombreux acteurs doivent être alignés pour avoir une image unique du client, a-t-il expliqué. L’autre effet de l’introduction de Salesforce, c’est de pouvoir créer un environnement commercial unique pour l’ensemble des divisions d’Airbus (hélicoptères, espace…). Celui-ci apportera une solution permettant aux collaborateurs d’être beaucoup plus mobiles dans l’entreprise, a fait valoir François Caudron.

Salesforce dans la Google Cloud Platform

L’exemple d’Airbus permet aussi à Salesforce de mettre en avant l’intérêt du partenariat qu’il vient de renforcer avec Google. Le groupe aéronautique a en effet réalisé un basculement important sur la solution bureautique G Suite. Or, Salesforce est depuis longtemps intégré avec la bureautique de Google. Sur la feuille de route de la collaboration entre les deux éditeurs, la dernière annonce en date porte sur la mise à disposition d’un connecteur pour tirer profit des fonctions de Google Analytics pour analyser les comportements des clients sur le web et intégrer ces données dans un parcours client sur le Marketing Cloud de Salesforce. De grands clients français comme PSA, Kering ou La Redoute l’exploitent déjà. Enfin, le partenariat Google/Salesforce comporte maintenant un autre volet, annoncé également ce matin. Il est désormais possible, pour les clients qui le souhaitent, d’exploiter les applications de Salesforce sur la Google Cloud Platform pour ceux qui souhaiteraient prendre leurs distances d’avec AWS, plateforme cloud que Salesforce utilisait jusque-là de façon préférentielle.