Quel est le contexte de cette opération ?

Christian Haller : Opérant depuis de nombreuses années dans le secteur de la transformation digitale, le groupe Allgeier pèse aujourd’hui 800 millions de CA pour 11.000 salariés. Le groupe a décidé de se scinder en deux divisions, Allgeier et Nagarro, pour permettre à la division Nagarro de faire son entrée en bourse fin 2020. Cette opération stratégique va permettre de donner de la visibilité au marché sur nos éléments de portfolio et les choix d’investissements opérés par le groupe.

Quel va être son impact sur votre organisation ?

Christian Haller : Les activités digitalisation et SAP se développent rapidement, et c’est pour accélérer ce développement que ce rebranding a été décidé. L’opération que nous effectuons est un choix de regroupement matriciel des différentes organisations au travers de Nagarro. La division Nagarro atteint 15% de croissance par an grâce à l’activité de digitalisation, et les entités SAP qui avaient déjà rejoint la division Nagarro en début d’année représentent quant à elles à peu près 100 millions de CA, dont 10 millions en France pour 50 collaborateurs. L’entité Nagarro représente ainsi 400 millions de CA et 8000 collaborateurs.

Thierry Fersing : Il faut également insister sur le renforcement des capacités marketing et commerciales, qui vont se manifester au niveau local mais aussi international.

Quelles sont les compétences et expertises qui en sortiront renforcées ?

Christian Haller : Les entités qui se rapprochent vont être complémentaires : Nagarro propose du développement à façon, notamment sur le front end, alors que les entités SAP du groupe sont plus spécialisées dans le back end. Cette synergie permettra de proposer une offre full services au marché. En effet, nous ne nous contentons pas de notre casquette d’intégrateur : nous offrons également des services d’hébergement, de maintenance des systèmes, accompagnés par une vraie dimension de conseil, qui seront de surcroit étoffés par tous les éléments du portfolio Nagarro.

En France nous ciblons les ETI et PME, qui souhaitent avoir un interlocuteur unique pour tout leur paysage IT.

Thierry Fersing : Notre expertise sur les solutions ERP va également se renforcer, notamment par les compétences comme le transportation management, ou le warehouse management étendu, avec 1200 consultants SAP répartis dans le monde entier. Nous disposons de solutions prépackagées pour les trois secteurs : l’industrie IMC, les Professional services, ainsi que la Construction et l’Ingénierie.

Par ailleurs, cette opération va nous permettre de renforcer notre compétence sur les secteurs comme le retail, l’industrie pharmaceutique, ou encore la chimie, en France mais aussi à l’international, notamment en Allemagne où ces secteurs occupent une place importante.

En outre, nous mettrons l’accent sur les solutions ERP intelligentes, dans un environnement cloud privé ou hybride, et également sur l’innovation.

Cyril Grabsch : Les pratiques de commercialisation et de production sont effectivement très diverses d’un secteur à l’autre, ce qui rend les connaissances métier des consultants indispensables. C’est pour cela que nous recrutons des consultants qui sont issus des métiers, par exemple du milieu de la finance, de la logistique, etc.  La tendance est à la personnalisation des produits, notamment dans l’industrie, et c’est un aspect sur lesquels nos consultants sont formés. L’essentiel est de se focaliser sur la valeur ajoutée dans la conduite des projets : on apporte expertise métier et technique pour permettre au client de se focaliser sur son cœur de métier.

La veille technologique est essentielle, notamment autour des usages de l’IoT, de la reconnaissance d’images ou du machine learning. A notre niveau, le principal enjeu de demain est de pouvoir intégrer les innovations dans les ERP. Notre laboratoire d’innovation va ainsi permettre de développer, tester puis mettre en production des solutions notamment dans l’environnement SAP. La Business Intelligence est également intégrée à notre portfolio, Qlik apportant de l’agilité et de la flexibilité pour s’adresser à différentes sources de données, et s’avère particulièrement pertinent pour les besoins des PME et ETI.

Enfin, la co-innovation avec les clients est déterminante, pour identifier des cas d’usages pertinents, trouver des synergies et mener à bien des projets, tout en bénéficiant des solutions de propriété intellectuelle de notre groupe.

Sur le plan des ressources humaines, cette opération va également apporter une réelle plus-value, pouvez-vous nous en dire plus ?

Christian Haller : La richesse d’une société réside avant tout dans les femmes et les hommes qui la font avancer. En renforçant la palette de technologies que nous proposons, cette opération va renforcer notre attractivité auprès des talents, à qui nous pourront permettre une évolution dans l’entreprise. Nous allons également renforcer nos partenariats avec les écoles d’ingénieurs. La mobilité internationale va aussi s’intensifier : avec 25 implantations dans le monde et une organisation matricielle, les talents pourront exercer une mobilité au sein du groupe.

Thierry Fersing : Notre siège social est à Strasbourg mais nous avons également une entité à Paris, que nous souhaitons développer dans les prochaines années. Notre groupe a une organisation très décentralisée, et confie aux entités locales leur stratégie de développement, de recrutement, et de positionnement sur le marché.

Quelles valeurs de Nagarro ES va-t-elle permettre de mettre en exergue ?

Christian Haller : Notre slogan est CARING : Client-centric, Agile, Responsible, Intelligent, Non-hierarchical, Global. Il résume bien nos valeurs mais aussi l’attractivité accrue de notre organisation. J’aimerais mettre l’accent sur trois de ces valeurs : l’agilité, qui est indispensable, notamment pour accompagner les PME et ETI, nous nous devons d’être plus efficaces que des acteurs de taille supérieure. Ensuite, l’intelligence de l’action, qui nous permet d’apporter le maximum de valeur ajoutée à nos clients. Enfin, le caractère non-hiérarchique de notre organisation : la structure n’est pas verticale, et nous attachons plus d’importance aux missions des collaborateurs qu’à leur grade.

En définitive, notre ADN ne va pas changer, mais cet accès élargi aux ressources et aux compétences du groupe va nous permettre d’étendre notre couverture du marché, et d’ajouter des cordes pour jouer notre partition.