Pourquoi avoir créé un LAB chez Free Pro ?
L’innovation implique forcément une prise de risque. Or, dans les entreprises, il est parfois difficile d’encadrer ces initiatives et celles-ci peuvent conduire à des erreurs. Chez Free Pro, nous avons voulu structurer cette dynamique en créant un véritable LAB dédié à l’expérimentation technologique.
Ce LAB, soutenu financièrement par BPI France et le gouvernement dans le cadre du plan d’investissement France 2030, est né principalement autour de trois projets : un sur le edge computing et deux sur la couverture 5G. Tous intégrant des dimensions d’intelligence artificielle. Ce cadre nous a permis de constituer une équipe dédiée, de monter en compétences sur la recherche appliquée, et de proposer de nouveaux services en gardant comme objectif la mise en production.
Quelles leçons avez-vous tirées de vos premières expérimentations ?
En s’affranchissant des règles traditionnelles, notamment sur l’infrastructure, nous avons pu expérimenter rapidement, notamment avec des solutions open source – que ce soit sur les réseaux 5G ou l’IA. Mais cela nous a aussi confrontés à des limites très concrètes.
Nous avons appris à créer un environnement technique propice à l’innovation, tout en gardant en tête l’objectif final : le passage à l’échelle, qui trop souvent met les projets en échec. Un écueil que nous avons pris soin d’anticiper dès les premières phases du projet.
Sur des sujets comme la 5G privée, le edge computing ou l’IA générative, nous avons bâti un socle industriel capable de faire tourner des projets pilotes… puis de les déployer à grande échelle.
En quoi votre LAB se distingue-t-il d’un simple POC ou incubateur ?
Un POC est souvent un exercice limité. Notre ambition, c’est de produire de réels services. Nous avons donc construit une infrastructure spécifique au LAB, proche des environnements de production, pour fluidifier la transition.
Notre retour d’expérience est concret : nous avons confronté les solutions à toutes les contraintes métiers – auprès des DSI, RSSI, RH… afin que les projets développés dans le LAB puissent passer en production sans rupture, tout en gardant une grande liberté d’expérimentation.
C’est cette logique que nous appliquons sur des cas comme l’IA générative : avant de le proposer aux clients, nous la déployons pour nos propres besoins – service client, supervision réseau, couverture 5G privée dans nos datacenters… Ainsi, les solutions que nous proposons sont maîtrisées, car nous les avons testées de bout en bout, sur nos infrastructures.
Comment vos infrastructures permettent-elles d’innover tout en gardant le contrôle ?
Chez Free Pro, nos infrastructures sont souveraines, hébergées et opérées en France par nos propres équipes. D’autres part, nous sommes entrés début 2024 dans le processus de qualification SecNumCloud et avons d’autres certifications telles que ISO 27 001 et HDS (Hébergement de Données de Santé). Cela nous permet de garantir un haut niveau de sécurité, d’autonomie numérique et de transparence, quels que soient les cas d’usage.
Nos environnements sont conçus pour les charges modernes : CI/CD, conteneurs, modèles d’IA open source que nous déployons en continu… Et surtout, nous savons articuler cloud privé (avec Free Pro), cloud public (avec Scaleway) et edge. Ces passerelles, nous les avons construites pour nous – et donc également pour nos clients.
Cette maîtrise nous permet de co-construire avec nos clients des solutions sur des cas d’usage critiques. Récemment, un industriel a pu expérimenter un modèle d’IA spécifique dans notre environnement sécurisé. L’objectif : valider la performance de son algorithme en conditions réelles, sans compromettre ses données sensibles ni mobiliser ses propres infrastructures. C’est un vrai différenciateur par rapport à d’autres acteurs, notamment américains, chez qui les garanties de confidentialité restent parfois floues. Chez nous, les règles sont claires, connues, maîtrisées, et surtout soumises aux règlementations françaises et européennes.
Avez-vous des exemples de projets que vous êtes désormais en mesure d’industrialiser ?
Nous avons mené plusieurs projets d’innovation qui sont aujourd’hui en passe de devenir des briques réutilisables pour nos clients. Le premier concerne la couverture mobile indoor et les réseaux privés. Aujourd’hui, ces technologies sont souvent réservées à de très grandes entreprises, avec des bâtiments de plus de 5 000 m². Nous avons également travaillé sur des solutions adaptées aux PME, à partir de 50 m² seulement. Elles sont techniquement plus accessibles, économiquement plus viables, et plus simples à déployer.
Nous avons d’autre part développé, dans le cadre de programmes de R&D menés avec la BPI pendant près de trois ans, des solutions de edge computing. Il s’agit de virtualiser des fonctions réseau au plus près des usages, via des équipements CPE capables d’embarquer à la fois des fonctions de sécurité, des cœurs de réseau 5G, des services de cybersécurité (notamment ceux d’ITrust, notre filiale cybersécurité), pour permettre une infrastructure distribuée et localisée chez le client, sans dépendance systématique au cloud central.
Enfin, nous avons conçu une plateforme de « RAG as a Service », que nous avons d’abord expérimentée en interne. Au départ, nous voulions juste intégrer des modèles d’IA générative sur nos propres cas d’usage. Mais nous avons rapidement été confrontés à la complexité des RAG (Retrieval-Augmented Generation) : gestion des données, connecteurs à créer, vectorisation, sécurisation, besoin de GPU… Nous avons donc industrialisé tout ce processus pour proposer une plateforme clé en main : elle permet à nos clients de gérer leurs bases de connaissances et données par des modèles d’IA Générative sur leurs propres données, en environnement sécurisé, sans fuite d’information, et avec une mise en œuvre simplifiée. C’est une brique totalement nouvelle dans notre offre, en complément de nos activités historiques de connectivité et d’hébergement.