Une souveraineté numérique à construire, pas à proclamer

Pour de nombreux DSI, la question de la souveraineté numérique n’est plus idéologique, mais stratégique. Face aux incertitudes juridiques liées à des lois comme le Cloud Act, les entreprises sont de plus en plus attentives à la localisation, au contrôle et à la protection de leurs données.

Dans cette optique, les solutions européennes de cloud souverain s’imposent comme des leviers clés pour retrouver une forme d’autonomie numérique. « Chez SUSE, nous défendons une vision large de la souveraineté, qui combine indépendance technologique, commerciale et géopolitique » explique Thomas Di Giacomo. Cela suppose de maîtriser l’hébergement des données, la gouvernance des outils, et le cadre juridique applicable. « La souveraineté doit permettre d’identifier clairement qui est responsable le jour où un dysfonctionnement survient. En tant qu’acteur européen, SUSE s’assure que les données hébergées sur ses datacenters ne seront pas soumises à des textes de lois extraterritoriaux. » 

L’open source, pilier technique et politique d’un cloud souverain

Acteur majeur de l’open source en Europe, SUSE défend une conviction forte : la souveraineté numérique passe par la maîtrise du code, autrement dit la capacité à accéder, auditer, modifier et faire évoluer librement les technologies, sans dépendre de fournisseurs propriétaires.

Dans cette perspective, l’open source n’est pas qu’une affaire de licence logicielle. C’est une philosophie de l’innovation qui repose sur l’ouverture, la collaboration et la capacité à adapter les solutions à ses propres besoins. « L’open source est au cœur de notre méthodologie » précise Cyril Cuvier. « Elle apporte plusieurs bénéfices majeurs pour les entreprises. L’innovation ouverte, tout d’abord, qui évite d’imposer un produit figé et propose plutôt une solution adaptable et transparente. L’auditabilité, ensuite, puisqu’on évite les boîtes noires en permettant à chacun de comprendre comment la solution fonctionne. La collaboration, également, afin de travailler de concert avec divers acteurs du marché, de différentes tailles. Enfin, la flexibilité et la réversibilité : l’open source permet d’éviter l’enfermement propriétaire, et de garder la main sur l’évolution de la solution. » 

Cette approche se concrétise notamment dans la suite SUSE Linux Enterprise, certifiée pour les environnements critiques, et largement utilisée dans les secteurs régaliens en France (défense, aéronautique, ministères), souvent en partenariat avec des clouds français comme OVHcloud ou des opérateurs tels qu’Orange.

Au-delà du code : gouvernance, sécurité, interopérabilité

Mais SUSE va au-delà de la mise à disposition de briques open source. Thomas Di Giacomo insiste sur l’importance de la gouvernance pour éviter la fragmentation ou les fausses promesses : « L’open source n’est pas une fin mais un moyen. Il faut y implémenter une gouvernance pour garantir l’interopérabilité, éviter les blocages liés à certains fournisseurs, et maintenir l’esprit d’innovation. »

Sans oublier la sécurité, puisque ces solutions open source sont mises au service d’applications critiques, dont les entreprises ont besoin au quotidien. Outils qui doivent ainsi être testés, mis à l’épreuve, audités afin d’être certifiées. Toujours selon Cyril Cuvier, « nos solutions open source sont conçues pour des environnements critiques. Elles sont certifiées selon les standards les plus exigeants du marché. Dans les tests que nous effectuons en interne, nous allons même au-delà de ce que l’industrie impose aujourd’hui. C’est primordial, pour nos clients comme pour nous. Nous faisons de fait partie du cercle très restreint d’acteurs ayant un accès anticipé aux failles de sécurité avant leur divulgation publique, ce qui nous permet de préparer des correctifs à l’avance. » 

Contribuer à un écosystème européen ouvert

La souveraineté numérique n’est donc pas un concept que l’on peut décréter : elle se construit collectivement. C’est dans cet esprit que SUSE s’engage activement au sein d’initiatives paneuropéennes pour bâtir une fédération de services cloud interopérables et audités, ou le projet Sylva, qui réunit opérateurs et industriels autour d’une infrastructure cloud-native ouverte pour les télécoms.

SUSE défend ainsi une vision ouverte et coopérative de la souveraineté numérique — non pas protectionniste, mais fondée sur des infrastructures fiables, maîtrisées, auditées et capables d’interopérer avec l’existant. Cette approche s’inscrit dans la volonté de poser les fondations d’un socle commun, à la fois de confiance et évolutif, pour un numérique européen plus autonome.

Mais pour passer de l’ambition à la réalité, encore faut-il mobiliser l’ensemble des parties prenantes. Les obstacles sont bien identifiés : une adoption encore hésitante des solutions européennes, un manque de financement à la hauteur des enjeux, et des initiatives trop dispersées. Face à ces défis, SUSE choisit la voie de la coopération et du long terme. « Nous avons réalisé des avancées majeures en matière de partenariats, notamment avec les acteurs du cloud souverain (OVHcloud) ou des télécoms (Orange). Nous collaborons par ailleurs avec plusieurs ministères français, ainsi qu’avec des acteurs stratégiques des secteurs de la défense et de l’aéronautique. Nous sommes également à l’avant-garde de Gaia-X ou du projet Sylva. Ces engagements traduisent notre volonté de contribuer activement à un écosystème numérique européen à la fois souverain et ouvert » explicite Thomas Di Giacomo.

À l’heure où l’Europe redéfinit ses priorités numériques, l’open source apparaît ainsi comme l’un des leviers les plus puissants pour concilier autonomie technologique, innovation durable et indépendance stratégique.