Hier, Intel a annoncé sur le CES ses premiers clients pour le marché des smartphones, signalant ainsi son arrivée sur ce segment après des années de lutte acharnée. Lenovo et Motorola lanceront des terminaux mobiles équipés des prochaines puces Atom d'Intel, connues sous le nom de code Medfield, a déclaré Paul Otellini, PDG d'Intel, lors d'une présentation réalisée durant le Consumer Electronics Show. « Le meilleur de la technologie Intel va désormais arriver sur les smartphones », a-t-il assuré.

Le smartphone Lenovo K800 présenté sur scène lors de la keynote sera le premier équipé d'une puce x86 basse consommation. Doté d'un écran de 4,5 pouces capable d' afficher des vidéos en 720 ppp, ce modèle est animé par un processeur Atom Z2460 cadencé à 1,6 GHz. Il sera d'abord commercialisé sur le marché chinois par l'intermédiaire de China Unicom dans le courant du deuxième trimestre de cette année. Ce terminal reposera sur l'environnement Lenovo LeOS.

Intel a également annoncé qu'il collaborerait avec Motorola Mobility, désormais dans le giron de Google, sur le marché des smartphones et des tablettes. Le premier terminal de l'américain devrait être annoncé au cours du second semestre 2012, mais le fabricant n'a toutefois pas indiqué s'il serait commercialisé dans le monde entier. « Nous aurons les terminaux et la validation des opérateurs au cours de l'été prochain », a déclaré Sanjay Jha, PDG de Motorola Mobility.« Les produits seront lancés peu de temps après. »

Des puces Moorestown trop gourmandes en énergie

De leur côté, les  dirigeants d'Intel ont assuré que des smartphones équipés de puces maison seraient livrés cette année. En 2010, Intel avait présenté un terminal LG basé sur une puce Atom sous l'appellation Moorestown, mais l'appareil n'avait pas réussi à arriver jusqu'aux clients. L'annonce de partenaires pour ses processeurs destinés aux smartphones constitue une avancée majeure pour Intel qui tente de revenir sur ce marché abandonné en 2006. Ses précédentes puces Moorestown consommaient trop d'énergie, ce qui avait amené LG à renoncer à commercialiser le smartphone Intel qu'il avait prévu de sortir. Le fondeur avait aussi engagé un partenariat avec Nokia, il y a deux ans, pour développer le système d'exploitation mobile MeeGO basé sur Linux, mais le constructeur finlandais a abandonné ses efforts et adopté l'OS Windows Phone de Microsoft. Désormais, Intel s'appuie sur l'OS Android de Google, après avoir fondu MeeGo avec l'OS Tizen.

« La puce d'Intel pour smartphones sera compétitive en termes de puissance et elle excellera en performance », a pour sa part déclaré Mike Bell, vice-président et directeur général de la division wireless mobile d'Intel. D'après lui, les smartphones possédant une puce Z2460 offriront une autonomie de 8 heures pour des appels vocaux en 3G, 6 heures pour le décodage vidéo HD, 5 heures de navigation 3G, et un temps de veille de 14 heures.

De solides atouts pour concurrencer ARM

Durant sa présentation, Mike Bell a montré un smartphone qui ferait office de plate-forme de référence. Il est équipé d'un processeur Atom Z2460, d'un écran de 4 pouces et d'un capteur photo de 8 mégapixels. Il pourrait inclure la technologie NFC. « Ces terminaux surpasseront les produits qui sont actuellement sur le marché pour des applications comme la navigation, l'interprétation du code Javascript et la lecture vidéo », a ajouté Paul Otellini lors de son discours. Avec le téléphone présenté, Intel peut légitimement concurrencer ARM dont les puces équipent la plupart des smartphones. Toutefois, même si une porte s'est bien ouverte pour Intel, il lui reste encore de nombreuses étapes à franchir,
au nombre desquelles figurent les applications et l'adoption des produits. Sur Android Market, les applications ont été développées pour les puces ARM, mais Intel essaie de changer cela, assure Mike Bell. « Nous livrerons à nos OEM... quelques technologies Intel qui permettront à la majorité de ces applications de fonctionner sans modification sur notre plateforme », a-t-il indiqué.

Les analystes s'attendent à ce que les puces d'Intel gagnent encore en puissance, du fait des progrès de la  technologie de fabrication, ce qui pourrait constituer une menace sérieuse à la domination d'ARM. La puce Z2460 a été gravée en 32 nanomètres. Intel pourrait réduire la consommation énergétique de façon importante avec des puces pour smartphones gravées en 22 nm, alors que les transistors 3D arriveront bientôt sur les terminaux mobiles. Les processeurs 22 nm d'Intel pour ordinateurs portables ont également fait l'objet d'une présentation lors du  CES.

Des diversifications peu couronnées de succés

Si la firme de Santa Clara consacre beaucoup d'énergie  à développer des smartphones, elle a toutefois essuyé quelques échecs ces derniers années.  Le groupe a tenté à plusieurs reprises de se faire une place dans l'industrie de la télévision, mais sa tentative la plus récente au cours des deux dernières années a été entachée par un manque d'intérêt pour ses produits.

« La Chine est un bon marché, et nouer un partenariat avec avec Lenovo offre un bon point d'entrée pour Intel sur le marché des smartphones, pense Nathan Brookwood, analyste  chez Insight 64. Ayant Motorola comme client lui permettra également de disposer d'une importante présence sur le marché des smartphones. Mais pour l'analyste, ce qui importe, c'est la taille de la puce elle-même, qui constitue un atout précieux pour Intel sur le segment des terminaux mobiles.