Plusieurs dirigeants de Microsoft sont revenus dans le New York Times sur la genèse de la stratégie de Windows Phone notamment après le lancement de l'iPhone d'Apple. Comme le dit un ancien dirigeant, « pour Windows Phone, Microsoft a été contraint d'abandonner sa stratégie mobile et de repartir de zéro afin de se libérer du poids soudain de l'iPhone qui lui a coupé l'herbe sous les pieds. » Ces entretiens montrent que l'arrivée de l'iPhone en 2007 a eu une influence majeure sur le développement de Windows Phone. Notamment parce qu'il mettait très clairement en évidence le peu d'efforts engagés par Microsoft pour développer une plate-forme mobile pour smartphone. « Apple a provoqué un changement de fond dans l'industrie, dans le sens où l'entreprise de Steve Jobs a apporté quelque chose d'unique et de très attrayant pour les consommateurs. Nous voulions y répondre avec quelque chose de compétitif, mais qui soit aussi différent, » a déclaré Joe Belfiore, un ingénieur de Microsoft, responsable de la conception logicielle pour Windows Phone.

Lui-même avait été embauché par Terry Myerson, lequel avait pris la tête de l'ingénierie au sein du groupe mobile de Microsoft. Fin 2008, ce dernier a convoqué les ingénieurs du département mobile de Microsoft. Au terme de cette réunion qui a duré sept heures, il a été décidé que l'éditeur devait abandonner sa stratégie mobile existante et repartir de zéro. « Nous avions touché le fond. C'était le moment de prendre la liberté d'essayer de nouvelles choses, de construire une autre équipe et d'ouvrir d'autres perspectives, » a déclaré Terry Myerson. Charlie Kindel, un ancien dirigeant de Microsoft, a comparé la situation de l'éditeur sur le marché mobile à celle d'Aaron Ralston, un randonneur qui, en 2003, a du s'amputer de son bras quand il s'est retrouvé coincé sous un rocher dans l'Utah. « Le rocher Apple et Blackberry a roulé sur notre bras. Microsoft a dû lutter trois ou quatre ans pour en sortir, » a t-il déclaré.

Développer des partenariats


Malgré les avis dithyrambiques très favorables à Windows Phone cités dans l'article du New York Times, rien ne s'est encore traduit dans les ventes. Cependant, le partenariat entre Nokia et Microsoft pourrait changer la donne. Au CES de Las Vegas qui a ouvert ses portes aujourd'hui, on s'attend notamment à ce que les deux entreprises dévoilent officiellement le Lumia 900. Mais Nokia n'a pas mis tous ses oeufs dans le panier Windows Phone. Le constructeur finlandais continue à développer son OS Symbian, même si elle en a réduit le profil.

Microsoft cherche également à pousser d'autres vendeurs de smartphones à adopter sons OS Windows Phone, mais l'éditeur continue à imposer à ses partenaires des règles strictes pour valider le type de périphérique sur lesquels son OS pourrait être intégré. « Ça ne concerne pas seulement les logiciels. Il s'agit d'une expérience globale, » a déclaré Albert Shum, directeur général du studio de design pour Windows Phone.

Cette expérience d'un bout à l'autre de la chaîne, c'est justement ce qu'Apple sait très bien faire, et lui permet de conserver la maîtrise du hardware et du logiciel de l'iPhone. Si Microsoft veut commencer à concurrencer Apple sur ce marché, elle doit impérativement acquérir cette capacité cruciale à gérer toute la chaîne. Mais, elle doit en tout premier lieu commencer par convaincre les utilisateurs de vouloir vraiment un smartphone sous Windows Phone.