Les dossiers médicaux, prétendument volés à l'Agence mondiale antidopage, ont été publiés mardi sur un site au nom du groupe de hackers Fancy Bears. « Aujourd'hui, nous allons vous parler de l'équipe olympique des États-Unis et des méthodes qu’elle a utilisées pour gagner », indiquait un message affiché sur le site. L'Agence mondiale antidopage a confirmé qu’elle avait été piratée, accusant même le groupe de hackers russes Fancy Bears. Ce groupe de cyber espions, également connus sous le nom de APT 28, est officieusement soutenu par les autorités russes. Ce même groupe serait à l’origine du récent piratage du Comité national démocrate. Une enquête est déjà en cours, et les autorités judiciaires ont été saisies. En attendant, les pirates promettent de livrer davantage de documents. « Ce n’est que la partie émergée de l'iceberg. Aujourd’hui, le monde du sport est véritablement corrompu », a déclaré le groupe.

Jusqu'à présent, les Fancy Bears ont uniquement publié les dossiers de quatre athlètes : ceux de la gymnaste Simone Biles, des joueuses de tennis professionnelles Vénus et Serena Williams, et de la basketteuse Elena Delle Donne. Les documents semblent montrer que ces athlètes ont eu l’autorisation d’utiliser certains médicaments. Mardi, sur Twitter, Simone Biles a déclaré qu'elle prenait des médicaments pour un trouble du déficit de l'attention (ATD). USA Gymnastics, la fédération de gymnastique américaine, a déclaré que la gymnaste n'avait enfreint aucune réglementation relative au dépistage des drogues. Les pirates tentent de jeter le doute sur ces affirmations. « L'équipe américaine a bien joué, mais elle n’a pas été loyale », ont encore déclaré les hackers sur leur site, affirmant que les athlètes américaines avaient bénéficié de dérogations pour utiliser des substances interdites.

Une série d'attaques pour défendre l'olympisme russe 

Ce piratage très médiatisé est le dernier en date à pointer vers des hackers russes. Hier, l'Agence mondiale antidopage n'a fourni aucune preuve pour étayer ses allégations expliquant la fuite de données. Cependant, des pirates anonymes ont pris pour cible l'agence depuis qu'elle a publié un rapport affirmant que le dopage était une pratique courante de l'équipe olympique russe. C’est ce rapport qui avait empêché la participation de dizaines d'athlètes russes aux derniers Jeux de Rio. En août, l'agence avait signalé une tentative de piratage visant la lanceuse d’alerte Yuliya Stepanova, une athlète spécialiste du 800 m, qui a parlé ouvertement du dopage des athlètes olympiques russes.

Les pirates avaient réussi à dérober le mot de passe de Yuliya Stepanova pour accéder à son compte détenu par l'agence antidopage. À l'époque, l'agence avait aussi fait savoir que ses utilisateurs avaient reçu des courriels leur demandant de remettre leurs « identifiants personnels ». Ben Johnson, spécialiste de la stratégie de la sécurité pour l’entreprise de sécurité Carbon Black, avait déclaré qu'il était souvent difficile de trouver les auteurs d'un piratage. Mais il avait ajouté : « Tout cela ressemble fort aux méthodes utilisées par les Russes ». Selon lui, « est clair qu’il y a actuellement un effort concerté pour saper la foi dans la culture et les idéaux de l'Amérique ». Les pirates utilisent le nom de « Fancy Bears », et ils ont affiché l’image d'un ours brun et d’un panda sur leur site. Cependant, dans leur message, les hackers russes font également référence au groupe de hacktivistes Anonymous, reprenant en partie sa devise. « Nous sommes Anonymous. Nous sommes légion. Nous ne pardonnons pas ».