Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la politique de la Ville, a créé mercredi 1er août un blog sur la plate-forme Skyblog, très prisée des adolescents. Son but : recueillir les commentaires et suggestions des jeunes des cités, en vue de l'élaboration du « plan banlieue » promis par le président Nicolas Sarkozy lors de sa campagne électorale. Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, est officiellement responsable de ce plan. Le look du blog est un brin austère, mais le ton se veut résolument « djeunz ». Fadela Amara, ancienne dirigeante du mouvement Ni Putes Ni Soumises, n'hésite pas à interpeller directement son lecteur avec un tutoiement qui se veut amical : « Tu as déjà entendu parler de moi ? est-ce que ton quartier et ta ville te plaisent ? balance moi tes comms [sic] pour me dire ce que tu voudrais voir comme améliorations. » Des commentaires, puisque c'est de cela dont il s'agit, le blog en a déjà recueilli plusieurs centaines. Fadela Amara a déclaré à propos de la création de ce nouveau moyen de concertation populaire : « Je souhaite que les gens, et notamment la jeunesse, se sentent partie prenante du plan banlieue. Personne ne veut revivre les événements de l'automne 2005. J'attends d'établir un dialogue de confiance avec les jeunes. Il faut libérer leur parole. » Si utiliser un moyen de communication prisé par les jeunes pour leur redonner la parole en politique est louable, on peut toutefois s'interroger, à l'instar de certains commentaires, sur le ton employé. Pourquoi parler de la sorte à une population qui est pourtant à même de comprendre le mot commentaire, par exemple, et qui n'apprécie pas forcément le tutoiement ? Alors qu'on reproche la dégradation du niveau de français chez les plus jeunes, l'initiative peut surprendre. Il est vrai que ce blog est hébergé sur Skyblog, et que la secrétaire d'Etat a créé ailleurs un autre blog, destiné cette fois au grand public. Comme on peut le lire sur le site du ministère de la Ville, « il s'agit d'un blog officiel qui s'adresse à l'ensemble de nos concitoyens, pour les entendre sur la politique de la ville et qui n'a pas vocation à s'adresser uniquement à une catégorie de population ».