Arès est sorti du redressement judiciaire deux jours avant la fin de l'exercice fiscal le plus mouvementé de son existence. Cette issue a notamment été trouvée grâce à une réduction de la dette proche de 75% et donne de l'air au groupe et à ses 1 100 salariés. Arès doit maintenant démontrer qu'il peut développer une activité profitable et convaincre de nouveaux partenaires financiers. Explications. Le Tribunal de commerce d'Evry a donné son accord le 30 mars 2009 pour qu'Arès sorte du redressement judiciaire dans lequel elle l'avait placé le 21 juillet 2008. « Je ne peux qu'être heureuse qu'Arès sorte de cette situation de redressement judiciaire, qui handicapait notamment nos chances de succès dans le cadre des appels d'offres du secteur public », insiste Nina Chibchib, déléguée syndicale centrale CFDT chez Arès. De son côté, Michel Berjamin, PDG d'Arès, déclare dans un communiqué de presse : « Nous sommes heureux d'avoir pu obtenir, après beaucoup d'efforts, un plan de continuation qui intègre, notamment, le maintien des emplois, point auquel nous étions particulièrement attachés, et une réduction significative de notre dette ». Les difficultés rencontrées par Arès depuis le printemps 2008, marquées par des cessions d'actifs, le placement en redressement judiciaire et les tensions internes liées aux licenciements, débouche paradoxalement sur un rapprochement des points de vue entre la direction et les représentants syndicaux. « J'ai vu beaucoup trop de collègues partir de la société et j'estime que le plan de redressement a été très bien mené : je ne vais pas dire le contraire uniquement pour le plaisir de contredire la direction », explique Nina Chibchib. De fait, malgré la cession d'une bonne part de ses activités, Arès continue d'employer plus de 1 100 salariés (900 dans les services IT, 100 pour l'intégration et la maintenance logicielle autour des solutions Arcole et 100 sur les produits d'Autodesk ou de PTC). Une décision motivée par des abandons de créances Concrètement, il semble que la décision du Tribunal de Commerce est d'abord motivée par les abandons de créances totaux ou partiels consentis au groupe, plus que par des perspectives d'un retour à « bonne fortune ». Il ne fait aucun doute que le gouvernement, directement ou de façon diffuse, fait pression sur les tribunaux de commerce pour qu'ils soient plus cléments qu'à l'accoutumée. « Il est clair que le contexte économique rend plus vrai que jamais l'adage qui dit que « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras », ce qui explique que 94% de nos créanciers ont accepté de ne percevoir que 25% de leur dû, commente Michel Berjamin, PDG d'Arès. Encore faut-il noter que nous avons dû prouver au tribunal que nous serions en mesure de payer les sommes en question fin mai ». A quand le retour à l'équilibre ? La réduction de la dette et la sortie du redressement judiciaire sont des victoires, mais Arès va rapidement être sommé de démontrer que le groupe peut être rentable. Dans ce domaine, il lui est plus que jamais difficile de prendre des engagements, sachant que les prévisions sur la croissance du marché des services informatiques sont chaque jour revue à la baisse (à ce jour, les dernières projections du cabinet Pierre Audoin Consultants misent sur une progression comprise entre 0 et 1%). « La continuation est bonne nouvelle qui permet à la direction de regagner une partie de la confiance qui avait été perdue, mais la nécessité de trouver un ou plusieurs investisseurs reste toujours aussi forte, sachant que cette recherche est particulièrement difficile aujourd'hui », estime Nina Chibchib. « Trouver de nouveaux partenaires est un objectif, mais pas un impératif immédiat, estime pour sa part Michel Berjamin, car la plupart de nos actionnaires, dont le premier, participera à notre prochaine augmentation de capital et nous pouvons travailler sur cette base ». Pour Arès, qui entame ce 1er avril son exercice fiscal 2009/2010, les prochaines échéances sont l'approbation des comptes le 10 avril et la « recotation » du titre à la fin du mois.