Il a « passé quelques bouts de nuits dans certaines caves du 18e arrondissement pour mettre en route des serveurs », il connaît « sans doute plus que d'autres le monde d'Internet », il a « commencé à communiquer sur Internet avant même la création de Wanadoo, parce que [son] frère qui vit aux Etats-Unis en est l'un des pionniers ». Frédéric Lefebvre, actuellement député et porte-parole de l'UMP, est pressenti pour remplacer Eric Besson au poste de secrétaire d'Etat chargé du développement de l'Economie numérique à la faveur du prochain remaniement gouvernemental. L'ancien socialiste prendrait alors la place de Brice Hortefeux au ministère de l'Immigration, lequel succèderait à Xavier Bertrand au Travail, parti diriger l'UMP. Si rien n'est pour l'heure officiel - Frédéric Lefebvre précise qu'aucune proposition ne lui a été formulée - la perspective de voir ce proche de Nicolas Sarkozy plancher sur les questions relatives à l'IT a de quoi susciter des inquiétudes. Fondateur et actionnaire de Pic conseil, une entreprise de lobbying qui compte notamment comme clients Alcatel et Bouygues, Frédéric Lefebvre s'est récemment illustré lors des débats parlementaires sur Hadopi et le nouveau service public de la télévision. Et les interventions de l'édile permettent de discerner une certaine logique dans sa probable entrée au gouvernement, dont beaucoup de ministres - de Nadine Morano à Michèle Alliot-Marie - ont montré combien ils étaient prompts à dégainer contre les périls du Web. Ainsi, selon Frédéric Lefebvre (débats parlementaires du 15 décembre 2008), Internet serait un « mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde. » Le héraut de l'UMP s'est fait une spécialité de réclamer une régulation du Web, indispensable à ses yeux pour endiguer les fléaux portés par la Toile : « Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l'absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d'adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs oeuvres ? », s'interroge celui qui se targue de connaître « parfaitement Internet ». L'homme, à l'origine d'un amendement - finalement rejeté - visant à taxer les sites collaboratifs pour financer France Télévisions, et partisan de la régulation du Web par le CSA, a beau faire étalage de sa culture Web, il n'en reste pas moins interdit quand on lui demande, sur BFM TV, ce qu'est le Web 2.0 (voir vidéo ci-dessous). Heureusement, il reste encore quelques jours à Frédéric Lefebvre pour réviser ses fondamentaux avant son éventuelle entrée au gouvernement.