Google réagit aux nombreuses critiques qui lui ont été adressées au cours des derniers mois et qui stigmatisaient le traitement réservé par le gargantuesque moteur de recherche aux données de connexion de ses utilisateurs. Les logs seront désormais rendus anonymes après 18 mois de présence sur les serveurs californiens. C'est dans une lettre adressée au « groupe de l'article 29 », composé des représentants de la Cnil et de ses homologues issus des Etats membres de l'Union européenne, que Google a fait part de son intention de ramener le délai de conservation des données de connexion à dix-mois mois, contre 24 mois maximum jusqu'alors. Le moteur s'engage également à repenser la conception de ses cookies afin de réduire la durée pendant laquelle ils scrutent les agissements des utilisateurs. La lettre, signée par Peter Fleischer, responsable des questions relatives à la vie privée chez Google, répond à celle adressée fin mai par le « groupe de l'article 29 ». Ses auteurs y exprimaient leurs inquiétudes face aux pratiques du groupe de Mountain View - notamment en ce qui concerne la durée de la conservation des données personnelles -, des méthodes qui leur semblaient ne pas répondre aux exigences européennes en la matière. La missive expliquait ainsi que les données de connexion rassemblaient des éléments - dont l'historique des recherches effectuées - qui constituaient, de fait, des données personnelles permettant de constituer les profils des internautes. Dans sa réponse, Peter Fleischer justifie néanmoins la période pendant laquelle les données sont conservées. Selon le juriste, l'amélioration de l'algorithme de recherche au profit des utilisateurs, la lutte contre la fraude au clic et le spam constituent les principales raisons pour lesquelles Google se doit de stocker les données de connexion. Et Peter Fleischer d'expliquer qu'il convient de trouver un équilibre entre des notions contradictoires : « alors des périodes de conservation courtes profitent aux utilisateurs, des durées plus longues sont nécessaires pour la sécurité et l'innovation. » Cette nécessité pourrait servir d'argument à Google pour refuser toute nouvelle réduction de la durée de conservation des données. Le moteur peut, de plus, avancer qu'il n'est pas avare d'efforts pour contenter l'Europe. La réduction de la période de rétention annoncée ce 12 juin, succède en effet à une démarche similaire effectuée en mars. Google avait alors ramené la période de stockage des données relatives à ses utilisateurs dans une fourchette de 18 à 24 mois, alors qu'aucune limite n'existait auparavant. Reste qu'en dépit de ces efforts, Google ne s'affranchira certainement pas de toutes les critiques qui lui sont adressées sur des sujets qui dépassent la seule durée de conservation. La semaine dernière, l'ONG Privacy International attribuait un bonnet d'âne au moteur de recherche en lui décernant la plus mauvaise note parmi une liste de 23 acteurs majeurs du Web. L'organisation jugeait Google « hostile à la vie privée » en raison de « la surveillance totale des utilisateurs » .