Rien ne va plus chez Unisys France. Les salariés du fournisseur de services informatiques ont décidé de s'insurger contre la politique de réduction des coûts décidée par la maison mère. La semaine dernière, une lettre ouverte a été adressée aux directions de la filiale, en France, aux Etats-Unis et au Royaume Uni, pour une prise de conscience de leur part. « Depuis maintenant plusieurs mois, nous faisons face à une énorme crise financière, nous, les salariés, peut-on lire dans ce document. Nos fins de mois difficiles se sont transformées petit à petit en mois complets difficiles. Cela essentiellement dû au fait que nos salaires subissent depuis au moins trois ans un gel. Gel des salaires qui, associé à un coût de la vie en constante évolution, se traduit par une baisse également constante du pouvoir d'achat. ».

A cela s'ajoute les économies faites, ou qui vont se faire, au détriment des salariés d'Unisys France sur les frais de déplacement (changement de prestataire de leasing automobile), les tickets restaurant (passage d'un plafond de 13€ de remboursement de repas à des tickets restaurant d'une valeur faciale de 8,65€, avec une participation de l'entreprise à hauteur de 5,19€, d'où un manque à gagner pour le salarié d'au moins 3,46 € par repas), et la baisse de la rémunération des astreintes et des incommodités. «  Ces mesures de restriction frappent principalement la population des techniciens de maintenance et des services d'installation d'Unisys France, qui représentent près de la moitié de l'effectif de la filiale française [soit 250 personnes sur un effectif de 560 collaborateurs], indique un salarié. Pour ceux-ci,  le  manque à gagner, rien que sur les frais de repas, se situe entre 100 à 150 € par mois. En outre, sur les astreintes et les commodités, la perte peut aller jusqu'à 500 € par mois  ». Une somme non négligeable.

60% de l'effectif en grève pendant trois jours

Les salariés ont également alerté la maison mère sur le système de notation  « qui ne reflète pas toujours la réalité », sur la nécessité d'établir un programme d'évaluation personnel, et de mettre en place un véritable plan de carrière pour rétablir leur  motivation.

Pour protester contre la dégradation du climat social, une grève de trois jours et une pétition mobilisant 60% de l'effectif avait été organisée début février. Suite à ce mouvement, les syndicats ont pu obtenir de la direction qu'elle n'active pas encore les mesures qu'elle envisage, même si ces projets sont maintenus. Pour l'heure, les organisations syndicales ont bloqué la dénonciation de l'accord. Celui-ci étant à durée déterminée, il n'est dénonçable que sous préavis de trois mois, avant la prochaine échéance d'avril 2011. Au cas où la direction dénoncerait l'accord avant le 1er avril 2011, la procédure sera jugée irrégulière et les salariés pourront alors porter l'affaire en justice.