HP achète EDS. Le face à face avec IBM vous semble-t-il la principale, voire l'unique raison de cette acquisition ? Ben Pring : Très clairement. HP est aussi performant qu'IBM dans tous les domaines sauf dans les services. Là, il était vraiment jusqu'à aujourd'hui tenu à distance par le numéro un. Il atteint à peine 17 Md$ contre 54 Md$ pour IBM. Le rachat va lui permettre de rattraper son retard. Avec EDS, HP devrait frôler les 40 Md$. HP a derrière lui la lourde expérience de l'acquisition de Compaq. Mais pensez-vous qu'il s'en sortira avec ce gros poisson à avaler qu'est EDS ? Il est vrai que HP a appris beaucoup avec l'intégration de Compaq. Mais là, avec une société de services IT, ce sera une tout autre expérience. Sans compter qu'il s'agit, et de loin, de la plus importante acquisition d'une société de service informatique professionnelle de tous les temps. C'est un défi de taille. Les deux sociétés ont des cultures différentes, des personnalités différentes. HP agit d'ailleurs très intelligemment en conservant EDS en tant qu'entité indépendante. Et en allant même jusqu'à déverser sa propre activité de service dans EDS. C'est un bon moyen de gérer les choses. En revanche, le choix de conserver certains dirigeants seniors est un peu plus discutable... Leur vision n'est pas toujours la bonne. En quoi les dirigeants de EDS pourraient-ils être un problème ? Certains sont un peu « old school » en ce qui concerne les technologies. HP, lui, s'est toujours focalisé sur les technologies de pointe. Prenons dernièrement le cloud computing, par exemple. EDS ne s'est jamais intéressé à tout cela. HP va introduire beaucoup de ces idées auprès des grands clients d'EDS. Les deux entreprises sont donc finalement très complémentaires. EDS, champion de l'externalisation et HP visionnaire technologique ? On peut effectivement synthétiser ce rachat comme cela. Mais EDS va aussi permettre à HP de proposer des services sur d'autres produits que les siens. Finalement, ce rachat était-il le meilleur moyen pour HP de contrer IBM dans les services ? Oui, dans cette optique-là, c'est un bon choix. Mais encore une fois, ce sera un vrai défi. Cela va demander beaucoup de temps et d'énergie à HP. Et pendant qu'il se concentrera sur l'intégration de la SSII, les autres vont continuer d'avancer. Et pas seulement IBM. Ce sera aussi le cas d'Accenture. Sans oublier les SSII indiennes comme Wipro ou Infosys qui, sans être encore de même envergure, grandissent très vite.