L'offensive de charme musclée de Microsoft auprès de la Commission européenne continue. Une semaine après que quatre eurodéputés se sont émus du fait que les contraintes imposées par la Commission européenne allaient probablement retarder le lancement de Windows Vista et handicaper les entreprises européennes, deux jours après que Microsoft a plaidé pour conserver toutes les fonctions de sécurité intégrées à Vista, l'éditeur a tenu ce matin une conférence de presse à Bruxelles pour insister sur les bienfaits économiques qui résulteraient du lancement de Vista. Sur les 228 000 emplois qui seront créés l'année prochaine dans la sphère informatique dans les six principaux Etats européens*, a indiqué l'éditeur, 104 000 seront directement liés à la mise en place de Vista. Et la moitié de ces 104 000 emplois n'aurait pas existé sans Vista. Microsoft tire ces chiffres impressionnants d'une étude réalisée par IDC Europe, et commanditée par... Microsoft. Sept millions de Vista en France dès 2007, selon IDC Le marché de l'informatique a acquis une importance comparable à celle de secteurs bien plus mâtures, explique Alain Petrissans, directeur études et conseil d'IDC France : « en France, les dépenses informatiques atteignent 45 Md€, contre 60 à 65 Md€ pour le secteur automobile, ou 30 à 35 Md€ pour le secteur des médicaments ». Or au sein de ce marché, l'événement le plus considérable serait le lancement d'un système d'exploitation. D'une part à cause de la rapidité avec laquelle le système sera déployé : IDC estime qu'en moins d'un an, il y aura sept millions de systèmes Vista en exploitation en France, et que 68% des machines Windows livrées le seront sous Vista. En trois ans, la quasi-totalité des nouvelles machines sous Windows sera équipée de Vista. Dès 2007, ce sont plus de 30 millions de copies de Vista qui seront distribuées dans les six pays européens visés par l'étude, générant près de 2,4 Md€ de revenus pour Microsoft. Mais d'autre part, explique IDC, un tel lancement ne profite pas qu'à Microsoft : tout l'écosystème en tire parti. Pour chaque euro de chiffre d'affaires réalisé par Microsoft avec Vista, ses partenaires toucheront 13,31 euros ! Une manne que se partageront fabricants de matériels (7,35 euros), éditeurs de logiciels (3,43 euros) et prestataires de services (2,53 euros). Vista créerait directement 16 000 emplois en France en 2007 Côté emploi, ce sont près de 249 000 personnes qui auront en France en 2007 une activité directement liée à Vista, continue IDC. Elles se répartissent ainsi : 15 000 dans le domaine du matériel (pour une population de 52 000 personnes), 10 000 dans le logiciel (sur 34 000), 79 000 dans les services et la distribution (sur 389 000) et 145 000 au sein des entreprises (sur 775 000 informaticiens). « En France, indique Alain Petrissans, il se créera 42 000 emplois en informatique en 2007, dont 16 000 seront vraiment dus à l'arrivée de Vista. » Au final, conclut l'étude, « ces bénéfices directs - 100 000 nouveaux emplois - aideront les économies locales à croître, à améliorer la force de travail et à former de nouvelles entreprises. Les bénéfices indirects liés à l'utilisation de logiciels plus récents aideront à augmenter la productivité, à accroître la compétitivité et à supporter l'innovation locale ». Après cette leçon d'économie, la Commission européenne aura-t-elle le coeur de continuer de parler de pratiques anti-concurrentielles ? *Note : l'étude considère le marché informatique de six Etats européens représentant, avec 320 milliards d'euros, l'essentiel (67%) des dépenses informatiques en Europe : Allemagne, Danemark, Espagne, France, Pologne et Royaume-Uni.