La Commission de la concurrence américaine (FTC, Federal Trade Commission) a annoncé hier, 16 décembre, qu'elle avait engagé une procédure à l'encontre d'Intel. Le fabricant californien de processeurs est accusé d'avoir, pendant dix ans, abusé de sa position dominante pour étouffer la concurrence et renforcer son monopole. Intel aurait délibérément mené une stratégie destinée à «paralyser» les menaces concurrentielles, fait fi des règles du jeu et des lois de protection du marché, selon Richard Feinstein, directeur du bureau de la concurrence de la FTC. « L'action que vient de lancer la Commission vise à remédier aux dommages causés par Intel à la concurrence, à l'innovation et, au bout du compte, au consommateur américain », explique-t-il dans un communiqué diffusé hier. La plainte du FTC allège que le fabricant a usé à la fois de menaces et d'incitations auprès des plus importants constructeurs de PC (Dell, HP, IBM) pour les contraindre à ne pas recourir aux processeurs d'autres fabricants, notamment en leur proposant des partenariats d'exclusivité et des offres packagées de produits. Elle souligne par ailleurs que le Californien a, en 2003, secrètement modifié un logiciel clé, le compilateur, afin que les performances des autres puces s'en trouvent comparativement réduites. Une stratégie répliquée dans le domaine des processeurs graphiques, à l'encontre d'acteurs comme Nvidia, indique encore la Commission. Une action malavisée selon Intel Intel juge que l'action de la FTC est malavisée, qu'elle s'appuie principalement sur des arguments ajoutés au dernier moment et tend à créer de nouvelles règles commerciales. C'est un dossier qui aurait pu être bouclé sans plainte. Une enquête est en effet engagée depuis plusieurs années, ont précisé les commissaires Jon Leibowitz et Thomas Rosch. Cette enquête a donné lieu à d'importants débats au sein même de la Commission et à de nombreuses rencontres avec Intel et les autres parties concernées par le dossier. Les discussions ont été menées assez loin entre Intel et la FTC, mais elles ont achoppé sur les solutions inhabituelles proposées par l'instance fédérale pour résoudre le dossier, a expliqué Doug Melamed, vice président senior d'Intel lors d'une conférence de presse. « Il apparaît à l'évidence que [la FTC] ne comprend pas certains aspects importants de l'industrie informatique. Elle propose des remèdes qui empêcheraient Intel de mener son activité de façon légitime ». La Commission de la concurrence ne cherche pas à obtenir le versement d'une amende, mais souhaite un changement d'attitude de la part du fabricant californien. Par exemple, un mode de tarification différent, un nombre réduit d'offres packagées et un éventuel partage de la propriété intellectuelle, a suggéré notamment Richard Feinstein, de la FTC. AMD a salué l'action menée, estimant qu'il s'agit de bonnes nouvelles pour les consommateurs. La plainte doit être examinée en septembre 2010 par un juge de la FTC.