Le prochain iOS d’Apple, qui doit sortir cet automne, permet aux utilisateurs de bloquer les publicités sur leurs terminaux mobiles. Cette option, sans nul doute bien accueillie par les internautes, va en revanche affecter un peu plus les sites de contenus, déjà touchés par les extensions du même type installées sur les postes fixes via les principaux navigateurs web, IE, Firefox, Safari et Chrome. Cette fois, la possibilité de bannir les pubs de sa navigation web va s’étendre aux terminaux mobiles sous iOS 9. Leurs utilisateurs pourront aussi recourir à ce type d’apps via Safari, ainsi que le rapportent ceux qui ont commencé à tester la version bêta de l'OS mobile. Compte-tenu de l’importante présence d’Apple sur ce marché , l’ajout d'une capacité d’«ad blocker» dans iOS inquiète à juste titre les sites de contenus, souligne le Wall Street Journal. Aux Etats-Unis, par exemple, l’OS mobile d’Apple a pesé 43% du temps passé par les utilisateurs sur des sites mobiles en juin dernier, selon ComScore.

Les sites de contenus se débattent déjà sous les assauts des différents bloqueurs de pubs que les utilisateurs installent de plus en plus souvent sur leur poste. Ils ne sont pas les seuls à en subir les effets. C'est aussi le cas de Google et d’autres fournisseurs comme Facebook, qui tirent une grande partie de leur chiffre d’affaires des revenus publicitaires sur Internet. Pour l’instant, le navigateur Chrome ne permet pas l’ajout de ce type d’extensions sur les téléphones. Chez Apple, on ne voit pas les choses sous le même angle. Tim Cook, son CEO, a plusieurs fois critiqué les pratiques de collecte de données personnelles pratiquées par Google pour personnaliser les annonces publicitaires.

La remise en cause d’un modèle

Bien sûr, la plupart des internautes détestent la publicité en ligne, d’où leur rapidité à adopter les bloqueurs. Mais la diffusion de ces utilitaires n’est-elle pas en passe de détruire les sites web basés sur le contenu, à l’exception des rares sites payants et des sites des fournisseurs eux-mêmes, pointent nos confrères d’Infoworld. Le modèle de l’information en ligne s’est longtemps appuyé sur deux jambes : la publicité et les abonnements. Les pionniers de l’Internet considéraient que l’information devait être gratuitement accessible. Et c’est ce qui s’est fait, avec un apport de publicités permettant un certain équilibre. Mais ces bandeaux, ou quelle que soit la forme qu’ils prennent (interactifs, multimédias…) pour s’afficher dans tous les recoins de l’écran, dérangent de plus en plus d’internautes qui les bloquent pour empêcher qu’ils ne perturbent leur lecture ou ralentissent le chargement des pages.

Pour contourner la situation, les annonceurs ont trouvé d’autres moyens d’atteindre leurs cibles en s’introduisant dans les contenus eux-mêmes quand ils n’ont pas purement et simplement abandonné la partie, fragilisant sérieusement le modèle de gratuité d’accès. Les outils bloqueurs de pubs viennent contrer l’intrusion publicitaire, mais ils s’en prennent aussi parfois au code de certaines pages web qui ne s’affichent plus correctement ou bloquent l’affichage des contenus. Avec l’arrivée de cette possibilité sur les terminaux sous iOS 9, Apple porte un cran plus loin les risques que font peser ces outils sur certains modèles économiques, notamment ceux des sites d'actualité. Pourtant, dans le même temps, du côté des apps intégrées à iOS 9, Apple a présenté News (dans un premier temps aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Australie) qui doit justement rassembler des articles d’actualité.