Le  marché des solutions de gestion des RH a connu une forte concentration au cours des dernières années. Ce secteur a suscité les convoitises de grands éditeurs, comme SAP qui s’était offert l'américain SuccessFactors en 2011 pour 3,4 milliards de dollars. Oracle lui avait emboîté le pas en déboursant 1,9 milliard de dollars pour s'offrir son concurrent Taleo. Aujourd’hui, ce marché connaît toujours une forme de concentration, les rachats se multipliant ces dernières années. Dans ce contexte, comment les entreprises s’y prennent-elles pour recruter, former  et  fidéliser leurs ressources en adéquation avec leur stratégie ? Ces questions ont  été débattues lors de la  dernière table ronde du club de la presse informatique B2B (CPI-B2B).

Capgemini Consulting, qui recrute environ 200 collaborateurs par an en France, a mis en place un audit pour avoir une vue plus précise de la fonction RH. «  Un Proof of concept sur les big data RH nous a permis de dégager des tendances sur l’ensemble de la chaîne de valeur ressources humaines», a exposé d’entrée de jeu Séverine Malaterre, responsable RH de la filiale française. «Nous nous sommes aperçus que les profils titulaires de diplômes académiques issus des meilleures écoles de management françaises n’étaient pas forcément ceux qui réussissaient le mieux, ce qui nous a conduit à revoir nos méthodes de recrutement », a-t-elle ajouté.

Une fonction qui doit anticiper les risques

Pour Eric Ghiradi, consultant en solutions et applications pour l’Europe de l’Est chez Oracle HCM, le grand changement apporté aux  outils RH d’aujourd’hui vise avant tout à servir la stratégie de l’entreprise. «Aujourd’hui, on tente de corréler les équipes avec le modèle économique du groupe qui les emploie », estime- t-il. «A l’instar du secteur de l’assurance, la fonction RH doit être capable de prédire les risques et d’avoir une vision stratégique des projets sur quatre ans», a poursuivi le consultant. Selon lui, les entreprises ont de plus en plus tendance à s’appuyer sur des outils collaboratifs contenant un certain nombre d’éléments RH pour pouvoir être plus concurrentielles sur le marché. Il note en parallèle un intérêt marqué des candidats  pour les entreprises particulièrement bien équipées en outils numériques. Fatima Etalam, chargée du recrutement chez l'hébergeur Equinix, partage cette vision business de la fonction RH. «Les RH sont là pour servir les clients de l’entreprise, mais encore faut-il pouvoir trouver des profils convaincus par les projets, la culture et les valeurs du  groupe  », a-t-elle exposé. 

Des contenus de formation ludiques

Chez Equinix,  la fonction RH a donc été séparée du reste pour se concentrer uniquement sur la gestion des talents. En France, 5 personnes sont également chargées de rechercher les candidats dans les universités. Les principaux canaux de recrutement utilisés par  l’hébergeur sont la cooptation (qui lui a permis de réaliser un tiers de ses embauches) son site d’offres d’emploi, les réseaux sociaux pour se faire connaître ainsi que les meet-ups, des rencontres ouvertes à tous organisées sur un ou plusieurs centres d'intérêt commun. Une fois le recrutement effectué,  la fonction RH ne doit pas s’endormir sur ses lauriers pour autant et aussitôt s’attaquer au volet formation. Chez Capgemini Consulting, l’apprentissage s’effectue principalement sur la plate-forme de formation professionnelle en ligne Coorpacademy. L’entreprise s’appuie sur une vingtaine de  CoocS (Corporate Open Online Courses), des modules de formation permettant d’éduquer ses employés afin de les aider dans les projets menés pour leurs clients.

Les modules sont ludiques, on y gagne des points, on y passe des niveaux, et cette mécanique de jeu permet d’encourager à apprendre. La gamification est également utilisée par Accenture pour former ses équipes. Ses forces de vente sont notamment équipées d’une app mobile qui leur permet d’avoir une vision en 3D  de l’expérience client.