Lancé par IBM en 2006 comme son futur grand challenge, Watson a été depuis cette date en développement. Le super-ordinateur devait reprendre le flambeau de la plateforme informatique Deep Blue, et effacer l'affront de sa mise en échec par Garry Kasparov lors du World Chess Master 1997. La technologie de Deep Blue a été en partie reprise pour créer le supercalculateur Blue Gene. Mais IBM a aussi développé Watson avec l'idée d'en faire une plate-forme commerciale.

Pendant sa conférence annuelle Information on Demand qui s'est tenue à Las Vegas cette semaine, IBM a déclaré que Watson serait d'abord destiné au marché de la santé, encouragé en cela par des tests déjà réalisés en partenariat avec l'assureur texan Wellpoint spécialisé dans le secteur de la santé. Wellpoint veut utiliser les capacités de traitement et d'analyse de Watson pour réduire les ré-admissions dans les hôpitaux et éviter ainsi les pénalités financières appliquées par le gouvernement aux hôpitaux dans le cas de mauvais diagnostic sur un patient.

Après la santé, la finance et les services à la clientèle

Mais sa carrière ne doit pas s'arrêter là. Selon Manoj Saxena, directeur général de IBM Watson, après le test de la plate-forme et son lancement commercial dans le secteur de la santé, l'objectif sera de pousser le supercalculateur vers les secteurs financiers, les services à la clientèle et d'autres secteurs institutionnels. «  90% des données informatiques mondiales ont été générées au cours des deux dernières années, et les entreprises sont submergées par cet océan d'informations dans leurs systèmes, constitués à 80% de données non structurées, » a-t-il déclaré. Selon lui, la plupart des systèmes qu'ils utilisent sont tout juste adaptés à gérer 20 % de leurs données structurées. « Et c'est là que Watson intervient. »

Watson a été conçu pour comprendre le langage naturel utilisé dans les données non structurées. Et c'est cette capacité qui lui permet d'évaluer le bien-fondé d'un diagnostic médical. Watson sait comparer les antécédents médicaux des patients avec leurs symptômes, leur historique familial retraçant des maladies antérieures, et doit permettre aux praticiens de réaliser le plus précis diagnostic possible. La question reste de savoir si cette automatisation généralisée des soins médicaux, qui permettra certes d'économiser de l'argent à des entreprises comme Wellpoint, n'est pas dangereuse, dans la mesure où Watson, contrairement à un médecin ou une infirmière, ne peut pas voir, sentir ou parler avec le patient reçu dans un cabinet médical. Sur ce point, Manoj Saxena s'est vite employé à apaiser les craintes.

Attention aux mauvais usages

Selon lui, « Watson n'est pas destiné à prendre de décisions à partir d'un diagnostic. Il doit juste contribuer à faire le bon diagnostic. Si l'on compte qu'à l'heure actuelle un patient sur cinq reçoit un diagnostic inapproprié, on peut estimer que Watson, qui officiera comme un puissant analyste de l'histoire médicale des patients, a quelque chose à apporter au secteur de la santé.» Cela dit, rien ne garantit a contrario que le médecin ou l'infirmière ne soient pas tentés de s'appuyer sur Watson pour faire leurs diagnostics, plutôt que de faire confiance à leur expérience médicale.

Watson a déjà montré ses capacités en prime time à la télévision américaine, où il a remporté le Jeopardy contre deux participants de très haut niveau. Quoi qu'il en soit, avant d'en faire un produit commercial qui puisse trouver sa place dans le secteur de la santé, IBM a admis qu'il devait d'abord développer une interface utilisateur facile à utiliser pour les personnels de soins, les médecins et les infirmières.



Crédits photo et vidéo : IBM