Lors de l’AWS Entreprise Summit qui se tenait à Londres il y a deux jours, Graham Tackley, directeur de l'architecture de The Guardian a expliqué qu’il y a deux ou trois ans, avant d'être prêts à passer sur AWS, son entreprise avait eu besoin de mettre à jour les équipements matériels de ses centres de données. « C’est à ce moment-là que nous avons décidé de construire notre propre cloud privé basé sur OpenStack. L’investissement dans ce travail a été énorme et je peux dire que ce fut un désastre total ».

L’idée avait été lancée en 2012 par le quotidien d'informations britannique. À l’époque, l’infrastructure de ses datacenters était en « fin de vie » et commençait à atteindre ses limites. Le projet comprenait la création d'un cloud privé construit sur des serveurs UCS de Cisco, auxquels s'ajoutait un stockage NetApp. L’ensemble devait tourner sous Ubuntu, avec la plateforme Openstack pour la gestion et l'orchestration. Dans un article publié en 2013 dans The Guardian, l’intégrateur de systèmes senior Stephen Gran expliquait que la plateforme OpenStack avait été choisie parce qu’elle offrait la « meilleure combinaison possible en terme de fonctions et de perspective de développement ». « La plateforme comporte une API EC2 assez complète pour l’usage qui nous intéresse et offre énormément de souplesse en terme d'API native et de stratégies de déploiement », avait-il notamment indiqué.

Pas d'équilibrage de charge « décent »

Mais aujourd’hui, de l’avis de Graham Tackley, le cloud basé sur OpenStack n’a pas été en mesure d’offrir les fonctionnalités que le groupe de presse trouve dans le cloud public d’AWS. « Nous ne sommes pas parvenus à mettre en place des offres en libre-service, nous n’avons pas réussi à atteindre un équilibrage de charge décent, ni d'évolutivité automatique sur les capacités. Tous ces avantages, offerts par AWS, nous n’avons tout simplement pas pu les trouver dans le cloud que nous avons construit en interne », a-t-il poursuivi. « Nous avons investi énormément de ressources dans ce projet, et c’est en grande partie pour cela que l’année dernière, nous avons décidé de laisser Amazon prendre en charge ce dur travail à notre place ». Le directeur de l'architecture a ajouté que The Guardian utilisait désormais AWS « intensivement » pour tout son portefeuille numérique. « En fait, nous fermons la totalité des services que nous conservions dans nos datacenters et nous déplaçons toutes nos données vers AWS », a dit Graham Tackley.

Certains reviennent pourtant vers OpenStack

Le déploiement d’OpenStack a été une épreuve particulièrement difficile pour les entreprises, en tout cas pour celles qui ne pouvaient pas compter sur de très grosses équipes d'ingénierie. Cependant, les nombreux partisans du logiciel de gestion de cloud open source disent que les expériences ratées de déploiement de la plateforme sont de moins en moins courantes. D’abord parce que les composants sont plus matures, mais aussi parce que les utilisateurs ont pris conscience des difficultés de mise en place d'un environnement OpenStack.

Fait intéressant, un autre client qui s’exprimait le 17 novembre dans le cadre de la conférence AWS Enterprise Summit a annoncé qu’après avoir déplacé presque tous ses systèmes sur AWS, son entreprise était en train de mettre sur pied un cloud privé sous OpenStack. British Gas Connected Homes, qui propose des outils et des services de surveillance domestique basés sur Hive, est une entité indépendante de British Gas. Cette autonomie par rapport au fournisseur historique lui a permis de choisir une approche plus « verte » pour son infrastructure. Elle a pu notamment se tourner largement vers des ressources de cloud public.

Des délais de mise en route frustrants sur site

Cependant, Christopher Livermore, chef des opérations chez British Gas Connected Homes, a déclaré que, pour répondre à des préoccupations réglementaires, l’entreprise voulait désormais investir dans un cloud OpenStack. « Au regard des exigences réglementaires, nous ne sommes pas actuellement en mesure de mettre certaines de nos données dans le cloud d’Amazon », a-t-il déclaré. « Nous travaillons sur la question pour éliminer ces obstacles, mais avant de faire sortir le projet de terre, nous avons eu besoin d’héberger nos données sur des supports physiques ».

« Nous avons décidé d'utiliser OpenStack et ce genre de technologies pour nous permettre de faire tourner ce centre de données physique comme un centre de données AWS », a ajouté Christopher Livermore. « C’est comme ça que travaillent nos équipes de développement. C’est aussi comme ça que l’entreprise fonctionne. C’est-à-dire que nous sommes très agiles, les équipes de développement sont là pour mettre en place des infrastructures à la demande et de répondre aux besoins d'échelle à la demande ». Cependant, Christopher Livermore n’est pas totalement emballé à l’idée de redéplacer des charges de travail sur site. « Amazon est vraiment le seul fournisseur d'infrastructure qui s’inscrit dans notre façon de travailler. Quand on revient à un environnement physique, les délais de mise en route, plus ce sentiment que tout se ralentit, sont très frustrants », a-t-il ajouté.