Les prix des PC, des smartphones et des tablettes connaissent actuellement une hausse imputable à celle du coût des composants. Cette dernière découle elle-même de la pénurie qui règne sur les marchés des modules DRAM et flash, des batteries et des périphériques d'affichage. L'an prochain, la situation ne devrait que légèrement s'améliorer alors qu'une baisse progressive des tarifs de la DRAM et du NAND flash est pourtant attendue. « Les prix ne reculeront véritablement qu'en 2019, estime Jon Erensen, le directeur en charge de la recherche sur les semi-conducteurs au Gartner. Logiquement, cela devrait réduire la note à payer pour un PC ou un terminal mobile mais il est encore trop tôt pour dire dans quelles proportions. »

Si les prix des composants baissent, il sera peut-être alors plus intéressant pour les utilisateurs de les acheter en boîte et de bâtir eux-mêmes leurs ordinateurs. Mais les tarifs des PC et autres terminaux  assemblés dans les usines des fabricants dépendent finalement de ce que ces derniers font des économies résultants d'une baisse des prix des composants. Il est donc possible que les tarifs des PC et des terminaux mobiles baissent, c'est en tout cas ce qui est arrivé par le passé. Mais certains fabricants préfèreront certainement engranger plus de profits, comme Apple l'a fait historiquement. Les prix des PC et des terminaux mobiles pourraient également rester élevés tout en en donnant plus pour leur argent aux acheteurs. Pour un prix équivalent, les produits seront peut-être dotés de davantage de mémoire, de plus de capacité de stockage et d'écran offrant une meilleure résolution.

Des prix multipliés par deux depuis 9 mois

Depuis la mi-2016, le prix de la DRAM conçue pour les PC a doublé, selon Gartner. Aujourd'hui, un module de 4 Go coûte environ 36 €. S'agissant des SSD, le coût par gigaoctet a progressé de façon alarmante du fait de la hausse du tarif de la NAND flash. Ce dernier et celui de la DRAM devraient connaître un pic dans le courant de ce trimestre.

Les prévisions du Gartner font échos aux inquiétudes d'entreprises telles que Lenovo. Ce dernier a été forcé de reconsidérer le prix de ses PC à la hausse à cause de l'inflation sur les marchés des composants. De son côté, HP est parvenu à absorber la hausse des prix des composants. En contrepartie, l'américain se focalise de plus en plus sur des produits haut de gamme au détriment des produits volume, comme l'a indiqué Ron Coughlin, le président de la division Personal Systems de HP Inc.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Dans un premier temps, la production de DRAM et de NAND flash a augmentée quand les fabricants ont commencé à intégrer plus de mémoire et de capacité de stockage dans leurs produits. C'est d'ailleurs Apple qui a sonné la charge en dotant mieux ses Mac, ses iPhone et ses iPad. D'autres fabricants ont suivi, à l'image de Samsung qui va fournir une version de son Galaxy S8+ équipé de 128 Go de stockage et de 6 Go de RAM. Ce qui correspond à ce qui est proposé dans plusieurs portables fins et légers. Par ailleurs, les applications telles que la réalité virtuelle et les jeux demandent aux fabricants de muscler les capacités de leurs produits. A cela s'ajoute le fait que la stabilité du marché des PC contribue à stimuler la demande en DRAM et en SSD. En outre, les smartphones, les PC et les objets connecté génèrent des volumes d'informations grandissants, avec pour effet de faire progresser la demande en SSD sur les serveurs où les données en provenance du cloud sont stockées. La montée en puissance de l'analytique et de l'apprentissage machine produit les même effets.

La montée en puissance de la Chine

Tous ces facteurs ont entraîné une croissance de la demande qui a logiquement permis aux fabricants de composants d'accroître leurs prix. Mais cela va surtout leur imposer d'augmenter leurs capacités de production. Gartner prévoit que d'ici 2019 le marché sera inondé de DRAM et de NAND flash, ce qui entraînera une chute des tarifs. C'est un cycle dans lequel les fournisseurs de composants sont entraînés tous les deux ans et qui rend le marché extrêmement volatil. En 2011, le prix de la DRAM avait plongé sous l'effet d'une surproduction, d'une baisse du marché des PC et d'un ralentissement économique mondial. Avec son approche agressive sur le marché mondial des semi-conducteurs, la Chine pourrait créer les conditions d'une fluctuation des prix encore plus erratique. En 2014, le pays avait indiqué qu'il allait investir 150 Md$ sur 10 ans pour étendre ses capacités de production de semi-conducteurs. De fait, la flash et la mémoire made in China pourraient déferler à terme sur le monde et faire plonger les prix davantage. Enfin la concurrence des composants 3D Xpoint développés par Intel et Micron devrait réduire l'usage de la RAM et de la NAND flash dans les serveurs et les baies de stockage haut de gamme au profit des PC et des terminaux mobiles.