Les entreprises technologiques de la Silicon Valley n'hésitent pas à employer des minorités qu'elles sous payent. Une étude réalisée par Working Partnerships révèle en effet qu'elles ont tendance à proposer des postes de gardiens d'immeubles, de cuisiniers ou d'agents de sécurité à des afro-américains ou des personnes d'origine hispaniques. Des groupes IT californiens ont d'ailleurs été épinglés par des associations de défense des droits civils, comme la Rainbow Push Coalition dirigée par le révérend Jesse Jackson. A la demande de ce dernier, certaines entreprises, dont Google, Twitter et Facebook ont publié des statistiques ethniques qui ont montré que leurs salariés étaient à prédominance blanche sur l'ensemble du continent américain, les personnes d'origine asiatiques arrivant en seconde position. Cela n'aurait pas été possible en France, car dans notre pays, la publication de statistiques ethniques n'est pas autorisée.

Une main d'oeuvre non comptabilisée dans les effectifs


Cette étude sur les salariés faiblement rémunérés et recrutés par des intermédiaires, réalisée par Working Partnerships USA à San Jose, ajoute une nouvelle dimension à la demande élevée d'intégration des minorités visibles par des entreprises IT. « Ces travailleurs sous contrats - non comptabilisés dans l'effectif officiel des groupes technologiques et rarement mentionnés dans les discours publics - sont les salariés « invisibles » des entreprises de la Silicon Valley, indique le document. Les afro-américains et les hispaniques représentent 41% des agents de sécurité privés dans la Silicon Valley, 72% des agents d'entretien et 76% des jardiniers, selon les données recueillies par l'organisme Working Partnerships du comté de Santa Clara. « Ces entreprises peuvent aider à lutter contre les inégalités, assurer une meilleure intégration sur le long terme et veiller à ce que ces salariés sous contrats qui passent par des intermédiaires soient mieux rémunérés », a exposé Working Partnerships. 

Un cruel manque de diplômés 

Pour se justifier, les entreprises technologiques font généralement valoir qu'elles peinent à trouver suffisamment d'Afro-américains ou de Hispaniques ayant les qualifications pertinentes pour assurer une fonction correspondant à leur activité de base. « Des groupes IT comme Google bataillent pour recruter et retenir des femmes et des minorités », a exposé Laszlo Bock, vice-président senior de Google en charge des ressources humaines. Les Afro-américains et les Hispaniques représentent chacun moins de 10% des diplômés des collèges américains et sont une même proportion à être diplômés en sciences et informatique, a-t-il ajouté. « Si les entreprises de haute technologie se comportaient de façon sérieuse sur la formation dans le secondaire pour avoir une main-d'oeuvre technologique plus diversifiée, cela devrait démarrer par le fait de verser un salaire vivable à leurs parents », considère Working Partnerships.

Des niveaux de rémunération très bas

Les développeurs de systèmes et les développeurs d'applications, qui sont les deux plus importantes professions technologiques dans le comté de Santa Clara, perçoivent des salaires médians respectifs de 63 062 et de 61 087 dollars bruts annuels hors charges sociales. A titre de comparaison, les 3 principales catégories de contractuels - à savoir les personnes responsables de l'aménagement paysager, les gardiens d'immeubles et les agents de sécurité  perçoivent chacun 13 082, 11 039, et 14 017 dollars bruts par an, selon l'étude. Ces derniers n'ont également pas droit aux prestations prévues pour l'effectif de base, dont celles relevant de la maladie. Working Partnerships recommande donc aux entreprises d'augmenter la rémunération de ces contractuels. Même une augmentation de 5 $ par heure pour 10 000 personnes employées sous ce statut coûterait moins de 0,1% des 103,7 milliards de bénéfices réalisés par les 150 plus grandes entreprises de la Silicon Valley l'année dernière, a conclu l'organisme.