Dans les cinq ans qui viennent, le département américain de l'énergie (DOE) veut développer des technologies de stockage de l'énergie cinq fois plus puissantes et cinq fois moins chères que celles existant actuellement. Un centre de recherche conjoint va être installé à cet effet à l'Argonne National Laboratory, rapportent nos confrères de Computerworld. Ce « Joint Center for Energy Storage Research » dispose de cinq ans et de 120 millions de dollars pour recréer un environnement de développement sur le modèle du projet Manhattan mené par les Laboratoires Bell pendant la Seconde Guerre mondiale et qui a débouché sur la bombe atomique. « À cette époque, il était essentiel d'obtenir un résultat très rapide, et pour y parvenir, il a fallu mettre ensemble les meilleurs scientifiques et les meilleurs ingénieurs de toutes les disciplines afin de cibler très spécifiquement la recherche », a rappelé Stephen Chu, le secrétaire américain à l'Énergie, lors d'une conférence de presse diffusée en direct depuis l'Argonne National Laboratory, dans l'Illinois, où sera installé le nouveau centre de recherche.

Le projet Battery and Energy Storage Hub va impliquer six laboratoires américains, cinq universités - l'Université Northwestern, l'Université de Chicago, l'Université de l'Illinois-Chicago, l'Université de l'Illinois-Urbana Champaign et l'Université du Michigan - et quatre entreprises privées - Dow Chemical, Applied Materials, Johnson Controls et Clean Energy Trust. Même si la proximité physique est importante dans le projet, le secrétaire d'État a déclaré que les communications électroniques et les vidéoconférences contribueront aussi au rapprochement des équipes. L'objectif est d'organiser la recherche de manière « à accélérer les travaux en cours », a déclaré Stephen Chu. « La clé du projet, c'est de parvenir à transférer aussi rapidement que possible les innovations technologiques des laboratoires vers le secteur privé », a-t-il ajouté.

Associer intimement la recherche à la production

Les progrès dans la technologie des batteries sont essentiels pour le transport et le stockage de l'énergie, en particulier en ce qui concerne le stockage de l'énergie solaire et éolienne. Selon le secrétaire d'État à l'énergie, si l'on multiplie par 5 les facteurs actuels, on peut faire baisser suffisamment le coût du stockage de l'énergie pour favoriser une adoption généralisée. « Nous avons été très attentifs au niveau des prix », a déclaré Stephen Chu. Il a rappelé l'impact de la baisse des prix des PC sur celui des téléphones portables, et en quoi cette baisse avait favorisé une adoption de masse. Selon lui, il est « essentiel pour la compétitivité de l'industrie américaine que la recherche soit intimement associée à la production. Cela va permettre de propulser les États-Unis vers l'avant. C'est là tout l'objectif du Hub ».

Le but n'est pas de chercher à améliorer progressivement une technologie existante, mais de chercher de nouvelles approches et « d'aboutir rapidement à des systèmes de stockage électrochimiques qui vont bien au-delà des limites actuelles », selon la formulation du DOE. Selon ce dernier, « les recherches menées actuellement sur la batterie mettent en général l'accent sur un problème particulier et n'ont donc pas les ressources et la diversité de talents nécessaires pour envisager des solutions holistiques ». L'objectif du Hub est de créer une « masse critique pour les meilleures idées, les plus innovantes et les plus ambitieuses. Sur la base de nouvelles connaissances, le Centre devrait favoriser l'émergence de nouvelles conceptions pour le stockage de l'énergie ». Le travail démarre avec une « feuille blanche » et un objectif : « surmonter les limites actuelles grâce à l'innovation pour réduire la complexité et le coût », a indiqué le DOE.

Selon Stephen Chu, en améliorant les capacités de stockage des batteries, il serait possible de réduire de moitié le nombre de panneaux solaires sur le toit d'une maison pour satisfaire aux besoins d'une famille. « Celle-ci pourrait subvenir à 80% de ses besoins et être à l'abri des pannes », a-t-il déclaré. « Si un tel système coûtait moins de 10 000 dollars, je l'achèterais », a-t-il conclu.