IBM et D-Wave essayent de monétiser leurs coûteux ordinateurs quantiques en commercialisant des services. Les deux constructeurs s’accordent pour dire que les machines quantiques sont différentes des PC et ne peuvent pas être utilisées pour n’importe quel type d’application. Les systèmes quantiques sont destinés à des tâches que les ordinateurs actuels ne pourront jamais accomplir, comme la découverte de nouveaux médicaments et la construction de structures moléculaires. Les ordinateurs actuels sont très bien pour trouver des réponses en analysant des informations dans des ensembles de données existants, mais les systèmes quantiques peuvent obtenir plus de réponses en prenant en compte un plus grand nombre d’évènements.

Les machines quantiques peuvent être nettement plus rapides et pourraient éventuellement remplacer les ordinateurs et les serveurs actuels. L'informatique quantique permet aussi de faire un pas de plus et de dépasser les limites physiques et structurelles des systèmes existants. Il a fallu du temps pour en arriver là. Les chercheurs ont déjà trouvé des applications possibles pour les premiers ordinateurs quantiques comme le 2000Q de D-Wave, une machine à 2000-qubits, et pour les systèmes 5-qubits d'IBM. Les deux matériels sont basés sur des technologies différentes : le système d'IBM est complexe et plus avancé en termes de technologie, alors que le système de recuit quantique de D-Wave est plus pratique et permet une mise en œuvre plus rapide du calcul quantique. Et il est beaucoup plus rapide que les PC actuels.

Des tests à la Nasa 

Google, la Nasa et l’association USRA (Universities Space Research Association) sont en train d’installer le système 2000Q de D-Wave dans l’Ames Research Center de la Nasa où il sera affecté à des tâches d'intelligence artificielle et d'apprentissage machine. Les partenaires espèrent utiliser l'ordinateur quantique pour « optimiser certains calculs », c’est-à-dire pour donner la meilleure solution possible à des problèmes à entrées multiples. La Nasa a déjà utilisé les ordinateurs quantiques de D-Wave pour des missions robotisées dans l'espace, et Google les a utilisés pour ses activités de recherche, pour le marquage d'images et la reconnaissance vocale.

Hier, le constructeur automobile Volkswagen a déclaré qu'il utilisait le système D-Wave pour adapter le déplacement des taxis de Pékin en fonction du trafic. La société a développé un algorithme qui pourrait améliorer la circulation des taxis dans la ville, ce qui réduirait la durée des temps de trajet, et réduirait aussi le temps d’attente pour avoir un taxi. L'étude, qui a suivi les déplacements de 10 000 taxis dans la ville impériale, consistait également à mieux explorer les possibilités offertes par l’ordinateur quantique. Volkswagen et D-Wave présenteront officiellement leur logiciel quantique et leur programme d’optimisation du trafic pendant le Cebit qui se tiendra du 20 au 24 mars à Hanovre.

Des services cloud pour exploiter les ressources quantiques 

D-Wave espère qu’il pourra proposer son ordinateur quantique via le cloud, à l’image d’IBM, qui a lancé la semaine dernière son programme Q de services de calcul quantique payants. Dans les années à venir, le constructeur a même prévu de développer un ordinateur quantique de 50-qubits pour alimenter ce service. L'ordinateur quantique d'IBM est destiné aux applications scientifiques, dans des domaines comme les sciences des matériaux et la dynamique quantique et il peut interpréter des algorithmes classiques. Il sait par exemple utiliser l'algorithme de Grover. Cet algorithme est capable d’exploiter les bases de données non structurées beaucoup plus rapidement que les ordinateurs conventionnels. Mais IBM envisage également d’étendre les compétences de Q à la modélisation financière et économique.

IBM offre également aux chercheurs et aux universitaires un service gratuit appelé Quantum Experience qui leur permet d’effectuer des tests à l’aide de l'ordinateur quantique 5-qubits via une plateforme de cloud public. Comme le déclarait récemment Jerry Chow, responsable du groupe de calcul quantique expérimental d'IBM « l’ordinateur a attiré plus de 40 000 utilisateurs, il a servi dans plus de 200 000 expériences et 15 articles de recherche ont été rédigés par la communauté externe ».