Travailler dans une entreprise indienne spécialisée dans l'externalisation est loin d'être de tout repos et peut même être délétère. Selon une étude conjointe du magazine indien Dataquest et du cabinet IDC, conduite auprès de plus de 1700 salariés d'une vingtaine d'entreprises spécialistes de l'externalisation, 32% des salariés de ces sociétés souffrent de troubles du sommeil, 25% de problèmes digestifs et 20% se plaignent de problèmes de vue. Ces salariés souffrent aussi d'insuffisances cardiaques, de diabète ou se plaignent d'obésité. Bien sûr, leurs vies, privée et sociale, pâtissent de leurs conditions de travail. On estime à 1,6 million la population indienne employée dans le secteur de l'externalisation (centres d'appel, édition de logiciels, back-office....). Ces Indiens expérimentent les limites de l'adage "travailler plus pour gagner plus" en vogue dans la classe dirigeante française. Si cette souffrance collective n'émeut personne, elle engendre des conséquences coûteuses. Les maladies cardiaques et le diabète ont coûté 9 Md$ de productivité à l'Inde en 2005, estime l'Indian Council for Research on International Economic Relations. Cet organisme prédit que l'on pourrait atteindre les 200 Md$ d'ici 10 ans si rien n'est fait. En particulier dans le secteur de l'externalisation. Au service de clients étrangers, les salariés sont soumis à des horaires décalés et doivent répondre à de brusques changements de charges de travail. Les entreprises de ce secteur dénoncent ces conclusions. Elles affirment qu'il n'est pas plus dommageable de travailler pour elles que pour un autre employeur et que le choix d'un emploi relève de la liberté de chacun...