LMI : Que devenez-vous depuis que vous avez quitté le Groupement des Mousquetaires ?

Georges Epinette : Je suis à la retraite, j'habite en Bretagne mais je continue d'effectuer quelques missions ici et là. Je m'étais arrêté quatre-cinq mois mais beaucoup de choses ont changé en ce petit laps de temps. Même en lisant la presse IT, il m'a bien fallu trois mois pour me remettre dans le bain... avec parfois des surprises, des tendances qui n'ont pas évolué comme je m'y attendais.

Comment accédez-vous à la presse IT en général, au Monde Informatique en particulier ? Allez-vous spontanément sur le site, y accédez-vous via Twitter ou suite à la réception d'une newsletter ?

Via la newsletter. Il faut que je sois sollicité. Avant, je bénéficiais même de la revue de presse du Cigref qui me permettait d'aller voir les sujets du moment. Et j'avais des abonnements. Maintenant, il me faut me contenter des informations gratuites.

Pendant les 35 dernières années, quelles informations vous ont le plus marqué ?

Celles relatives à la transformation digitale. Même Internet n'a pas eu l'impact de la transformation digitale sur les entreprises. Cela a commencé vers 2007-2008 pour se généraliser vers 2011, c'est donc récent, mais c'est véritablement ce qui est le plus marquant des dernières années.

Avant, la technique était ostracisée par les DG et parfois trop portée aux nues par les DSI. Cette portée aux nues se faisait même mal à propos, sans se préoccuper des usages, de la valeur induite. Avec la transformation digitale, la fonction DG a autant été bouleversée que la fonction DSI, la technique se mettant au service des métiers et de l'entreprise sous la supervision de la direction générale.

Concernant les médias professionnels IT, comment voyez-vous l'évolution des 35 dernières années ?

Bien évidemment, ce qui est marquant est le changement de support, la numérisation. Mais il faut aussi noter que, et c'est heureux, le contenu des articles est passé du corporatif au sociétal. On s'y préoccupait du seul écosystème IT alors que, désormais, on s'intéresse aux usages quotidiens.

Aujourd'hui, on s'intéresse plus à l'usage et moins à l’artefact technique, ce qui est très bien.

Quelle évolution voyez-vous pour la presse IT dans les prochaines années, ce que vous souhaiteriez ou que vous craindriez ?

Vous n'avez pas un métier facile car nous sommes tous, aujourd'hui, habitués à la gratuité. Personnellement, je n'achète plus de presse, IT ou non. Je lis aussi pas mal de blogs indépendants qui vont me donner des tendances, des signaux faibles. En fait, la presse IT doit pouvoir délivrer la bonne information à celui qui n'a pas le temps de faire cette veille. 

Développer les clubs associés aux titres de presse est également une bonne idée. Cela renforce et perpétue les liens entre les journaux et leurs lecteurs, leur communauté. Mais les journalistes doivent faire attention à ne pas céder à la polémique, surtout dans les titres. Il ne faut pas oublier que les DSI sont des salariés qui peuvent se faire licencier sur un bon mot remettant en cause leur employeur. Ils se confieront davantage s'ils n'ont pas le sentiment qu'ils risquent d'être piégés.