C'est finalement l'Indien Tech Mahindra qui va racheter son compatriote Satyam, pour un montant de 581 M$. La quatrième SSII indienne a été mise en vente par le gouvernement le 9 mars dernier, suite aux scandales qui ont entaché sa réputation et bouleversé son organisation (publication de résultats trafiqués, arrestation de dirigeants, bannissement de la liste des prestataires IT de la Banque mondiale...). Le conseil d'administration de Satyam a donc accepté hier la proposition de Venturbay Consultant Private Limited (filiale de Tech Mahindra), jugée la plus intéressante. Deux autres concurrents étaient en lice, l'Indien Larsen & Toubro (qui possède 12% de Satyam) et l'investisseur américain Wilbur Ross. Un moment intéressé par le rachat de Satyam, IBM s'est finalement retiré de la liste des acquéreurs potentiels. Objectif de Satyam : éviter une hémorragie de sa clientèle « Nous espérons que [ce rachat] insufflera à nos clients une plus grande confiance et qu'ils continueront à être satisfaits par la qualité des prestations de service de Satyam. Cet événement devrait dissiper les inquiétudes de tous les intervenants, Satyam s'engageant dans le renouveau grâce à une meilleure gouvernance », a commenté avec optimisme Kiran Karnik, président du conseil d'administration de la société. Il faut dire que depuis que Satyam rencontre des déboires, plusieurs clients se sont déjà mis à la recherche d'un autre fournisseur de services. Satyam souhaite également éviter le départ de ses salariés (48 000 actuellement) vers d'autres SSII indiennes. La transaction se réalisera en deux phases, comme le stipulait l'appel d'offre lancé par le gouvernement indien il y a un mois. Dans un premier temps, Tech Mahindra se portera acquéreur de 31% du capital de Satyam, ce qui représente 354 M$. Il devra ensuite proposer aux actionnaires une offre d'achat de 20% de parts supplémentaires, au même tarif que celui de la première phase. Montant de la facture totale : un peu plus de 580 M$, ce qui réévalue Satyam à 1,1 Md$. Pour Tech Mahindra, co-entreprise entre le Britannique BT Group et l'Indien Mahindra Mahindra créée il y a 20 ans, cette opération est une occasion de diversifier ses activités (automobile et matériel agricole) et d'élargir son portefeuille de clientèle. « Les deux entreprises n'ont quasiment pas de clients en commun », a précisé Vineet Nayyar, vice-président et DG de Tech Mahindra. Satyam réalise 75% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis alors que Tech Mahindra est essentiellement positionné en Europe. Le directeur général a toutefois précisé qu'il était prématuré d'évoquer une éventuelle fusion entre les deux entreprises. De son côté l'enquête du Bureau central d'investigation indien (CBI) se poursuit. Neuf personnes (donc quatre appartenant à la famille Raju, ex-dirigeants de Satyam) sont actuellement derrière les barreaux pour plusieurs infractions dont la fraude, la falsification de comptes ou encore la destruction de preuves. Déjà épais, le dossier d'accusation pourrait encore s'alourdir, selon le CBI.