Mozilla vient de publier ses comptes pour 2005. L'éditeur Open Source a enregistré des revenus s'élevant à 52,9 M$ en 2005. Sur cette somme, 29,8 M$ proviennent des activités de la fondation, le reste est issu de Mozilla Corporation, la branche commerciale chargée de guider le développement des produits et d'assurer leur promotion. A titre de comparaison, et pour souligner la remarquable croissance du chiffre d'affaires, Mozilla avait réalisé en 2004 un CA de 5,8 M$ et avait engrangé, en 2003, des revenus de 2,24 M$. Les dépenses cumulées de la fondation et de Mozilla Corp. atteignent 8,2 M$, dont 3M$ pour la fondation. Au final, le bénéfice de l'éditeur s'élève donc à 44,7 M$. Nul doute que ces chiffres ne manqueront pas de ranimer la polémique née en novembre 2006. A l'époque du lancement de Firefox 2, de nombreux observateurs s'étaient émus de ce que l'éditeur puisse gagner des dizaines de millions de dollars tout en clamant son but non lucratif. D'extravagantes théories avaient surgi des imaginations les plus fertiles sur l'origine forcément suspecte des rentrées d'argent de Mozilla et sur l'utilisation certainement louche qui en résulterait. L'absence de publication de résultats entretenait certainement ces suspicions. 40 M$ inutilisés, pour assurer la stabilité Mitchell Baker, la présidente de Mozilla Corp., semble avoir entendu certaines remarques faites à l'encontre de l'organisation et s'est fendue d'un long article sur son blog pour fournir certaines précisions sur l'origine des rentrées d'argent de Mozilla, et l'utilisation qui en est faite. Selon elle, les revenus de l'éditeur de Thunderbird et Firefox ont véritablement décollé avec le lancement, en novembre 2004, de son navigateur : «le bon produit, au bon moment». Un succès qui a rendu possible l'augmentation du nombre de salariés et les innovations qui en ont découlé. A ceux qui s'interrogeaient sur le modèle économique de Mozilla, Mitchell Baker explique que les rentrées d'argent proviennent, dans leur grande majorité, des accords passés avec les moteurs de recherche - sans que davantage de détails ne soient fournis, sur la relation tissée avec Google par exemple - auxquels s'ajoutent les contributions, les ventes réalisées par la boutique, les intérêts des placements, etc. Si les dépenses de Mozilla atteignent environ 8 M$ - essentiellement en frais de personnel - plus de 40 M$ restent inutilisés. Là encore, cette somme est susceptible de faire grincer quelques dents. Pourtant, l'un des buts de Mozilla est bel et bien de gagner de l'argent, l'absence d'actionnaires n'étant pas incompatible avec la volonté de constituer des réserves. La présidente de MoCo précise ainsi que «les revenus non dépensés constituent un fond de réserve offrant à la fondation Mozilla flexibilité et stabilité». Une stabilité financière qui permet «d'attirer et de retenir des talents, des gens qui ont voulu tourner le dos au monde des start-ups et des stock options pour promouvoir nos orientations et l'innovation sur Internet au bénéfice de tous». Si le couplet semble sincère, les peu de détails communiqués sur l'utilisation effective de la réserve de guerre constituée par l'éditeur donneront, à coup sûr, du grain à moudre à ses détracteurs.