Dans le domaine des réseaux de connectivité dédiés à l'Internet des objets, la start-up toulousaine Sigfox bénéficie depuis de longs mois d'une aura certaine en termes de notoriété. Pour autant, c'est loin d'être la seule à se positionner sur le créneau des technologies réseau IoT bas débit, basse fréquence et longue portée. Depuis 2009, la société angevine Qowisio propose ainsi une technologie similaire de type Ultra Narrow Band, bien qu'il aura fallu attendre sa levée de fonds de 10 millions d'euros l'année dernière avant de voir pousser ses antennes un peu partout en France. « Nous faisons de la R&D depuis 6 ans et avons d'abord ouvert notre réseau à des grands opérateurs mobiles comme Zain au Moyen-Orient. Aujourd'hui nous ciblons toutes les entreprises ayant des besoins de connectivité IoT à commencer par les start-ups qui proposent des objets connectés », a expliqué Cyrille Le Floch à l'occasion d'un point presse jeudi 2 juin à Paris.

En France, Qowisio a déployé un réseau de 1 000 antennes (contre près de 1 500 pour Sigfox) couvrant toutes les villes de plus de 10 000 habitants mais compte l'étoffer d'ici fin 2016-2017 pour atteindre les 1 700. Ce réseau d'antennes longue portée (3km en ville et 60km en campagne) opère à basse fréquence dans la bande des 868 Mhz avec un temps d'occupation ne dépassant pas, comme la réglementation l'exige, 6 minutes par heure. En revanche, contrairement à Sigfox, le choix n'a pas été fait de constituer un réseau permettant des échanges bi-directionnels avec les capteurs : « On est sur des usages unidirectionnel ce qui correspond au segment de marché que l'on vise pour adresser des besoin de bons de livraison, suivi de palettes et d'objets qui envoient des alertes de temps en temps », précise Cyrille Le Floch. A noter cependant que les antennes du réseau Qowisio sont capables d'écouter toutes les communications en provenance de capteurs connectés Sigfox et Lora. « On veut participer à l'explosion des objets connectés et il est important de proposer à nos clients de ne pas être dépendant de nous mais également des autres en faisant tout pour favoriser l'interopérabilité entre objets, capteurs et réseaux IoT du marché », a expliqué le dirigeant.

Une approche complémentaire des solutions de connectivité LTE-M, 3GPP et NB-IoT

L'offre de Qowisio se compose de plusieurs éléments : un capteur/objet connecté, la connectivité réseau ainsi que l'app mobile de restitution des données. Parmi les familles de produits proposés on trouve des trackers GPS mais également des capteurs de température de consommation électrique. L'un des (gros) différenciants que la société met en avant se situe au niveau de la tarification qui apparaît particulièrement agressive : « Nous avons une approche complémentaire des solutions de connectivité réseau LTE-M, 3GPP et NB-IoT qui permettent de répondre à des besoins plus complexes mais sont également plus chères avec des boîtiers dont le coût atteint 50 dollars. De notre côté, on descend ce coût à 10 euros et surtout on apporte une connectité réseau IoT à 10 centimes par an et par objet », indique Cyrille Le Floch. Et ce, sans contrainte de volume ni ticket d'entrée : « Nous ne voulons pas que la connectivité IoT soit un frein pour les start-ups qui se lancent », poursuit le dirigeant.

Qowisio est présent dans 29 pays et compte une cinquantaine de clients dans le monde, dont une trentaine en France comme Angers Nantes Habitat qui utilise ses capteurs connectés et son réseau pour près de 1000 équipements dont des chaufferies et des VMC afin de faire remonter des informations de maintenance et de surveillance. En 2015, la société a réalisé un chiffre d'affaires de 6,2 millions d'euros pour un résultat net d'1,1 million. L'effectif de 35 personnes est réparti à Angers, Paris et dans le tout nouveau bureau d'Austin. « Austin c'est la 2e Silicon Valley américaine avec des entreprises hardware comme Dell et NXP qui sont installées là-bas, mais c'est également une ville jumelée avec Angers et où est présent un French Tech Hub », a précisé Cyrille Le Floch en réponse à la question de savoir pourquoi il n'avait pas plutôt privilégié une présence à San Francisco. A ce jour, plus de 100 000 capteurs/objets connectés Qowisio ont été déployés dans le monde.