Comme si la concurrence accrue entre les réseaux sans fil ne suffisait pas, Qualcomm travaille sur une norme LTE – baptisée LTE-Unlicensed - qui permettrait de déployer cette technologie de communication sur des fréquences radio libre de droit. Le LTE a été conçu pour fonctionner sur les fréquences autorisées par les opérateurs mobiles et, ce, pour leur usage exclusif. Mais la technologie LTE-Unlicensed permet au système cellulaire pour compléter ces fréquences avec le spectre radio sans licence qui est aujourd’hui utilisé par les normes Bluetooth et WiFi. L’idée est de déborder sur des fréquences gratuites quand le réseau LTE traditionnel est saturé comme certains soirs à la Défense.

Des opérateurs comme T-Mobile, Verizon Wireless et SK Telecom réfléchissent déjà à l’usage du LTE-Unlicensed. Mais certains partisans du WiFi, comme Google et la WiFi Alliance, voient cette initiative d’un très mauvais œil et avertissent que les transmissions LTE dans la bande sans licence des 5 GHz vont évincer les utilisateurs WiFi. Une variante de cette technologie émergente, appelée LAA (Licensed-Assisted Access), est avancée pour répondre à ces préoccupations et la WiFi Alliance affirme qu'elle travaille avec le groupe 3GPP chargé de la normalisation des normes LTE pour assurer une coexistence des technologies.

Les opérateurs prêts à installer leurs relais LTE-Unlicensed 

Le LTE sans licence a été conçu pour les opérateurs qui possèdent déjà des droits d’utilisation de fréquences afin de leur permettre d’utiliser une bande radio supplémentaire sans licence pour les téléchargements de données, tout en gardant le reste du trafic, tels que les appels vocaux, sur leurs fréquences commerciales. Mais une nouvelle technologie dans les cartons de Qualcomm propose de créer des réseaux LTE de base en utilisant uniquement le spectre radio sans licence. Il s’agit de permettre à des entreprises de spectacle et de sport, des câblo-opérateurs ou encore des opérateurs de hotspots de déployer dans des stades ou des lieux publics – partout où ils le souhaitent en fait - des réseaux LTE sans licence en lieu et place du traditionnel WiFi, bien souvent saturé.

Qualcomm affirme que sa plate-forme, baptisée MuLTEfire, pourrait offrir les performances, la capacité et la portée accrue du LTE, tout en étant plus facile à déployer comme le WiFi. Et selon la compagnie californienne, le MuLTEfire ne perturberait pas les utilisateurs de WiFi à proximité. Qualcomm affirme également que l'utilisation du LTE sans licence au lieu du WiFi peut effectivement améliorer l'expérience des utilisateurs dans les zones urbaines parce que le LTE est plus efficace que le WiFi. Mais si MuLTEfire se développe - sans doute sous une appellation commerciale plus accrocheuse - les réseaux LTE sans licence vont rapidement se multiplier pour ondes sans licence et saturer les ondes radio. Et si le WiFi est livré en standard sur tous les terminaux mobiles, ce n’est pas encore le cas du LTE-Unlicensed.

Le WiFi peut encore rebondir

Et même si des entreprises privées pourront déployer un réseau LTE sans licence, il est peu probable qu'elles le fassent, selon divers analystes. Le WiFi est aujourd’hui mature et disponible auprès de nombreux fournisseurs. Le LTE garde toutefois un net avantage avec ses mécanismes avancés et standardisés pour l'authentification des abonnés et la coordination entre les stations de base quand on passe d’un relais à un autre. Ces caractéristiques pourraient rendre très facile la mise en place d’une combinaison entre des services MuLTEfire et WiFi.

Certains fournisseurs de services émergents ont exprimé leur intérêt pour la technologie LTE-Unlicensed. Des câblo-opérateurs entendent compléter leurs services en proposant des communications mobiles. Des opérateurs étrangers pourraient également s’installer plus facilement dans certains pays puisqu’ils ne seraient pas obligés de demander une licence. Reste que le WiFi n’a pas dit son dernier mot et la WiFi Alliance pourrait relancer le programme Hotspot 2.0 pour faciliter la bascule d’un relais à un autre dans les zones couvertes par un ou plusieurs prestataires associés et accélérer l'adoption du WiFi 10 Gigabit (802.11ax).