L'annonce de la confirmation de la condamnation de Microsoft par la justice européenne hier lundi 17 septembre a provoqué un tonnerre de réactions dans la sphère Open Source. Si chacun s'accorde à dire qu'il s'agit là d'une véritable avancée, tantôt pour les consommateurs européens, tantôt pour les logiciels libres, le monde de l'Open Source reste encore dubitatif quant à la suite des événements. Pire, certains s'interrogent, pessimistes, sur l'application de la décision du tribunal. Cela changera-t-il finalement le paysage de l'informatique ? La Commission doit transformer C'est notamment le cas de l'April (Association pour la promotion et la recherche en informatique Libre) qui dans un communiqué, attire l'attention sur l'impuissance de la Commission à faire appliquer les sanctions. « L'April teint [...] à signaler que si après des années la Commission européenne n'a toujours pas obtenu de Microsoft qu'elle se conforme à ses injonctions, on voit mal comment l'autorité de régulation des mesures techniques (ARMT) pourra en France y parvenir surtout vu les limites de son champ d'intervention. » Et de pointer du doigt la Dadvsi. Dans cet même ordre idée, la FFII (Fondation pour une infrastructure informationnelle libre) explique que Microsoft « exploitera les brevets logiciels pour conserver son monopole sur le marché des technologies de l'information ». Pour Pieter Hintjens, président de la FFII, visiblement amer, « la décision semble positive mais est en retard de cinq ans. Pendant ce temps, Microsoft a fait du lobbying en faveur des brevets logiciels en Europe et acheté des brevets sur de nombreux concepts triviaux. » Benjamin Henrion, membre de la FFII à Bruxelles, raconte que ce sont bien les brevets logiciels qui serviront de tremplin à Microsoft, tout en minimisant l'impact de la décision du tribunal. « Microsoft devra au pire seulement payer l'équivalent d'un ou deux mois de profit. » Chez Red Hat, éditeur de distribution commerciale de Linux, on « encourage fortement la Commission à prendre les mesures requises pour assurer l'exécution rapide d'une solution qui donne un accès large et équitable aux informations relatives à l'interopérabilité de Microsoft avec tous ses concurrents [...] ». Plein feu sur la Commission donc. Un coup de frein à l'innovation Autre son de cloche radical pour Mathieu Laine, maître de conférences à Sciences Po, qui déclare, dans une tribune « Arrêt Microsoft : coup de frein à l'innovation ! » publiée dans Les Echos du 18 septembre, que « en confortant la Commission européenne, le tribunal de Luxembourg donne en réalité un mauvais signal au entreprises innovantes en Europe, et entretient une vision erronée de ce qu'est véritablement la concurrence. » Et de conclure : « Confirmer la condamnation de cette entreprise revient à appuyer des deux pieds sur le frein de l'innovation en Europe. A l'heure de la compétition globalisante, nous n'avions vraiment pas besoin de cela. »