Les documents d'Edward Snowden ne concernent pas uniquement la NSA, mais visent aussi les services de renseignements britanniques, le GHCQ, et leurs alliés. Dans une note datée de 2010 que le quotidien Le Monde a pu lire, l'agence britannique souligne que « la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) est un partenaire extrêmement motivé et techniquement compétent qui a démontré une grande volonté d'échanger sur les questions de protocole Internet et de travailler avec le GCHQ sur des bases de partage et de coopération ».

Toujours dans cette note, il est indiqué que la DGSE entretient une coopération étroite avec « un opérateur français de télécommunication ». Le journal en déduit que cet opérateur est France Telecom, aujourd'hui rebaptisé Orange. L'agence anglaise de renseignement indique que la DGSE et Orange travaillent ensemble « pour améliorer les capacités nationales d'interception sur les réseaux de communication et collaborent pour casser les cryptages de données qui circulent dans les réseaux ».

Une absence totale d'encadrement


Si la surveillance des réseaux n'est pas quelque chose de nouveau, les notes du GHCQ montrent que la DGSE « dispose surtout, à l'insu de tout contrôle, d'un accès libre et total à ses réseaux et aux flux de données qui y transitent ». Cela signifie que les services de renseignement français peuvent collecter sans contrôle de l'Etat et encore moins judiciaires des données sur des Français et des étrangers. Par ailleurs, les informations collectées « sont également partagées avec des alliés étrangers comme le GCHQ ».

Au cours de son enquête, le journaliste a découvert que cette coopération n'était pas formalisée (contrairement à ce qui se fait aux Etats-Unis par exemple) et qu'elle reposait sur quelques personnes habilitées secret-défense en poste au sein de 3 divisions de l'opérateur : réseaux, international et sécurité. Pour mémoire, on évoquait un haut cadre dirigeant d'Orange pour la succession de Bernard Barbier, directeur technique de la DGSE et principal artisan des bonnes relations avec ses homologues anglais et américains.