Selon une récente étude de l'Idate le marché des serious games, qui représente actuellement 1,5 milliards d'euros, pourrait atteindre les 10 milliards d'euros d'ici 2015.  Reposant sur le support du jeu vidéo, ces solutions permettent de transmettre tout message ou enseignement sans lien avec le divertissement, explique Julien Alvarez, chercheur et consultant indépendant dans ce domaine. D'abord créé par l'armée américaine pour promouvoir ses valeurs et élargir son recrutement, le serious game n'a réellement pris son essor qu'à partir de 2002, en marge du secteur du jeu vidéo. Porté en France par une cinquantaine d'entreprises conceptrices, selon l'estimation de Julien Villedieu, délégué général du syndicat national du jeu vidéo (SNJV), ce secteur encore jeune représenterait actuellement quelques dizaines de millions d'euros dans l'Hexagone. « L'immersion dans un univers virtuel favorise l'implication des participants et optimise l'ancrage pédagogique de la formation », explique Vincent Stanlislawiak, directeur marketing et commercial de Qoveo, un éditeur lyonnais qui a développé des parcours d'apprentissage interactifs sur un mode ludique. L'utilisation de ce type d'outill permet au collaborateur d'accéder à des ressources pédagogiques en entrant dans la peau d'un personnage qui devra franchir plusieurs obstacles au cours des différentes étapes de la formation. « Le serious game fonctionne selon une logique qui consiste à gagner des points et à passer différents niveaux », précise le dirigeant. « C'est tout bénéfice pour les participants qui se forment tout en y trouvant du plaisir. »

Une pédagogie où l'élève fabrique son propre savoir

Côté applications, ces jeux à caractère pédagogique sont utilisés par les entreprises pour soutenir leurs actions de communication,  présenter leurs métiers aux personnes nouvellement embauchées ou pour simuler des entretiens. Ils répondent aux besoins des forces de vente et sont particulièrement appréciés par la jeune génération. Pour Philippe Delanghe, directeur des ventes et du marketing de l'éditeur Uni-learning, ces jeux de simulation donnent lieu à une pédagogie innovante, qui adresse des problématiques difficiles à traiter en présentiel (formation fondée sur la présence en salles de cours) ou en e-learning classique.  Il considère que la pédagogie d'un serious game est constructiviste, par opposition à une pédagogie objectiviste où le savoir est mis en forme par un expert puis mémorisé. « En s'appuyant sur ce type de modules, l'élève est en mesure de fabriquer son propre savoir », expose t-il. « Il pourra suivre un cours en ligne qui lui expliquera quel est son métier, répondre à des questions sur sa fonction tout en gagnant des points, s'engager dans une conversation virtuelle avec un client ou un collègue, le renseigner et le convaincre. Le serious game lui permettra d' explorer virtuellement son espace de travail, d'interagir avec de multiples personnages, et de prendre les bonnes décisions pour marquer des points. »
Toutefois, si ces solutions prennent une part de plus en plus importante dans le milieu professionnel, les PME  y sont encore peu sensibilisées en raison de leur coût. En effet, il faut compter entre 50 à 100 000 euros pour le développement d'un module d'une heure de formation. C'est pourquoi les serious games remportent du succès auprès de grands groupes industriels, comme l'Oréal, Renault, Carrefour, la Société Générale ou encore BNP-Paribas.