Ces dernières années, les espaces de stockage en ligne se sont multipliés sur le web  - Google Drive, Dropbox ou encore Hubic - avec quelques gigas offerts pour commencer et des offres d'abonnement pour monter en capacité. Le dernier arrivé - pour le moment - se nomme Bitcasa, une start-up basée à Mountain View et fondée par Tony Gauda, Joel Andren et Kevin Blackham, des anciens de Mastercard, Verisign et Mozy. À la différence de ses concurrents, Bitcasa ne propose pas d'espace gratuit, mais une capacité de stockage presque « illimitée » (592, 95 Go en fait) à 10 dollars par mois. Bitcasa synchronise directement les fichiers, la sauvegarde n'est donc plus nécessaire, elle est continue. Un espace cache paramétrable est utilisé sur le disque dur local de l'utilisateur pour stocker les fichiers couramment utilisés et le reste est conservé dans le cloud. Pour accéder à tous ses documents, il est nécessaire d'être connecté à Internet. Point important, Bitcasa n'utilise pas un système de stockage distribué exploitant l'espace disque disponible chez ses clients. Ni pour le stockage primaire, ni pour le back-up, nous a assuré Tony Gauda.

Pour être viable économiquement, Bitcasa réalise une déduplication globale puis une compression de tous les fichiers de ses clients pour économiser de l'espace, plutôt que de simplement stocker tous les fichiers de chaque utilisateur sur ses serveurs. Si plusieurs utilisateurs ont le même fichier sauvegardé, Bitcasa sauve des pointeurs vers les fichiers plutôt que des copies. La déduplication des données entre les utilisateurs ne rassure pas vraiment, mais le fondateur de la start-up affirme que le cryptage des fichiers est réalisé du côté client et les dossiers de l'utilisateur protégés contre l'intrusion de l'entreprise ou d'autres utilisateurs. Des préoccupations qui ont potentiellement ralenti l'adoption des services de stockage en ligne. Les documents sont ici cryptés en AES-256.

Streaming des fichiers pour lisser la connexion 

Tony Gauda parle de stockage en streaming pour décrire sa solution. Sur les ordinateurs de bureau Mac, PC et Linux, Bitcasa s'intègre avec le système d'exploitation, et indique qu'un fichier stocké par Bitcasa est local. Il fonctionne sur les appareils mobiles utilisant HTML5, mais des versions Android et iOS sont attendues dans les prochaines semaines. Quand il y a une connexion, les périphériques locaux peuvent communiquer avec le cloud en streaming, plutôt que par des ajouts discrets et des téléchargements, ce qui peut accélérer les choses, notamment pour la lecture de fichiers vidéo ou audio. « Nous pouvons intercepter les appels de fichiers et trompons le système d'exploitation en lui faisant croire que les fichiers sont stockés localement sur l'appareil », nous a expliqué Tony Gauda. « Nous les diffusons vers et à partir du cloud en temps réel, mais nous mettons certaines des données dans un cache local sur chaque appareil. Vous pouvez avoir un téraoctet de données en ligne et seulement 16 fichiers seront mis en cache localement, mais ce sont les 16 que vous utilisez le plus souvent. » Cette astuce répond à une des problématiques du stockage en ligne. Une fois la connexion Internet coupée, on perd tout. Ici, la méthode de stockage lisse les perturbations d'accès. Si un utilisateur se déplace avec un iPad, par exemple, et perd l'accès à Internet, avec Bitcasa, il peut au moins accéder aux fichiers qu'il utilise le plus souvent.

Alléchant sur le plan marketing, Bitcasa trouve aujourd'hui sa limite avec la faiblesse des connexions ADSL en upload. Et le marché des entreprises n'est pas prêt de s'ouvrir quand on connaît la frilosité des DSI vis-à-vis de DropBox pour ce qui concerne la sécurité et la confidentialité des données.


Tony Gauda, un des fondateurs de Bitcasa dans ses locaux à Mountain View

Un système multi-résilient

La solution est disponible pour les principaux OS du marché et des plug-ins sont disponibles pour les navigateurs web. Des API sont également proposées pour faciliter l'intégration de cette plate-forme de stockage en ligne. L'ambition de Bitcasa, c'est d'arriver sur les TV, les voitures, les smartphones, les imprimantes... pour accéder à sa musique n'importe où et imprimer des photos rapidement. Parmi les développements en cours, de nouvelles interfaces sont attendues pour MacOS et  Windows avec notamment une meilleure gestion du drag and drop et un vrai mirroring. Et en cas de défaillance majeure, Tony Gauda se veut rassurant : « nous avons construit un système multi-résilient, nous conserverons toujours les copies primaires des données. Bitcasa est un système distribué sans noeud central ».

Bitcasa a été fondée en juin 2011 avec un capital de 1,5 million de dollars à l'origine. La première bêta privée a été lancée en janvier 2012 et la bêta public en juin 2012. La jeune pousse assure gérer plus de 4 pétaoctets de données et plus d'un milliard de fichiers.