Du changement dans la continuité pourrait-on résumer en lisant le Top500 des supercalculateurs les plus rapides du monde. Il est toujours dominé par le supercalculateur Fugaku de Fujitsu, qui tient la tête depuis le mois de juin. Le Fugaku est trois fois plus rapide que son plus proche rival, le Summit d’IBM. Ce dernier Top500 montre que la concurrence entre les systèmes marque le pas : c’est la première fois depuis la création de ce classement qu’il y a aussi peu d’entrée dans la liste. La mise à jour qui a lieu deux fois par an en juin et novembre depuis 1993 permet de suivre l'évolution des performances et de l'architecture des supercalculateurs. Une particularité cette fois cependant : deux entrants se hissent d’emblée dans le Top 10 : le supercalculateur Juwels Booster Module et le Dammam-7 de Saudi Aramco

Avant de parler de ces arrivées, on notera que le système le plus lent de la liste des 500 a obtenu un score de 1,32 pétaflops au benchmark HPL (High Performance Linpack), contre 1,23 pétaflops dans le classement de juin 2020. Le benchmark HPL mesure la capacité des supercalculateurs à résoudre un système dense d'équations linéaires. Dans le même ordre d'idées, la performance globale des 500 systèmes est passée de 2,22 exaflops en juin à 2,43 exaflops sur cette dernière liste. En termes de pays, les États-Unis continuent de dominer le Top 10 avec quatre entrées. La Chine compte deux entrées, et l'Allemagne, l'Italie, le Japon et l'Arabie Saoudite en ont chacun une.

Fugaku accentue son avance

Le plus rapide, champion du classement, est donc le supercalculateur Fugaku de Fujitsu, dont la vitesse de pointe est passée à 442 pétaflops, soit 26 de plus qu'en juin. Le Fugaku est trois fois plus rapide que le supercalculateur Summit d’IBM qui arrive second au classement. C'est grâce à l'augmentation de sa capacité de 7 299 072 à 7 630 848 cœurs processeurs Arm A64FX que le Fugaku a gagné en rapidité. Construit par Fujitsu, le Fugaku est installé au Riken Center for Computational Science (R-CCS) à Kobe, Japon. Avec une performance de 148,8 pétaflops le supercalculateur Summit, construit par IBM pour l'Oak Ridge National Laboratory (ORNL) situé dans le Tennessee conserve la seconde place qu’il occupait déjà au mois de juin. Le système compte 4 356 nœuds, chacun équipé de deux CPU Power9 à 22 cœurs et de six GPU NVIDIA Tesla V100, soit un total de 2 414 592 cœurs.

Le supercalculateur Sierra, déjà troisième en juin, avec un score HPL de 94,6 pétaflops, conserve également la troisième place. Son architecture est similaire à celle du Summit : le Sierra possède 4 320 nœuds (1 572 480 cœurs) équipés de deux CPU Power9 et de quatre GPU Nvidia Tesla V100. Classé numéro 5 en juin, le supercalculateur Sunway TaihuLight désormais au quatrième rang, gagne une place. Il est alimenté par des processeurs Sunway SW26010 avec 10 649 600 cœurs et peut atteindre un score HPL de 93 pétaflops. Le système a été construit par le Centre national chinois de recherche en ingénierie et technologie informatique parallèle (National Research Center of Parallel Computer Engineering & Technology, NRCPC). Il est installé au National Supercomputing Center de Wuxi, en Chine.

En cinquième position, on trouve le supercalculateur Selene. Il s’agit d’un SuperPOD DGX A100 de Nvidia basé sur des processeurs AMD Epyc avec les derniers GPU A100 de Nvidia pour l'accélération, qui font passer les performances de 27,5 pétaflops à 63,4 pétaflops avec le benchmark HPL. Grâce à ces GPU, le Selene passe de la 7e à la 3e place. Il est installé chez Nvidia Corp. aux États-Unis et compte 555 520 cœurs. Avec une performance de 61,4 pétaflops sur HPL, le supercalculateur Tianhe-2A (Milky Way-2A), se positionne à la 6e place. Il est équipé de processeurs Intel Xeon et des accélérateurs DSP Matrix-2000 de NUDT et compte 4 981 760 cœurs. Milky Way-2A a été développé par l'Université nationale chinoise des technologies de la défense (National University of Defense Technology, NUDT) et est déployé au Centre national de superordinateurs de Guangzho, en Chine. Le supercalculateur Tianhe-2A (Milky Way-2A) occupait la 5e classe en juin.

Les deux entrées dans le Top 10

Le supercalculateur Juwels Booster Module fait une arrivée fracassante dans le Top500, puisqu’il se classe d’entrée de jeu à la 7e place de la liste. La machine Bull Sequana construite par Atos utilise des processeurs AMD Epyc associés à des GPU Nvidia A100 pour l'accélération. Son architecture est donc proche de celle du Selene. Installé au Forschungszentrum Jülich en Allemagne, il possède 449 280 cœurs et un score HPL de 44,1 pétaflops, ce qui en fait le supercalculateur le plus rapide d'Europe. La machine Bull Sequana fait partie d'un système modulaire, dont le second module Juwels à base de Xeon apparaît séparément dans le TOP500 à la 44e place. Les modules sont intégrés par ParTec Modulo Cluster Software Suite. La huitième place du Top500 est occupé par le supercalculateur HPC5, un système Dell PowerEdge qui affiche une performance de 35,5 pétaflops au benchmark HPL. Le HPC5 est équipé de processeurs Intel Xeon Gold et de GPU Nvidia Tesla V100 pour un total de 669 760 cœurs. C’est le système le plus puissant de la liste TOP500 installé hors d’un organisme de recherche. Il est installé dans l’entreprise italienne Eni S.p.A et utilisé à des fins commerciales. Le système occupait la 6e place dans le classement de juin.

C’est le Frontera, un système Dell C6420 installé l’an dernier au Texas Advanced Computing Center de l'Université du Texas, qui se classe en 9e position. Il perd une place rapport classement de juin, où il arrivait en 8e position. Avec ses 448 448 cœurs Intel Platinum Xeon, il atteint 23,5 pétaflops en HPL. Enfin, un autre système bouscule encore le classement, puisque qu’il fait son entrée directement à la 10e place. Il s’agit d’un système HPE Cray CS-Storm construit sur des CPU Intel Gold Xeon et des GPU Nvidia Tesla V100 avec 672 520 cœurs, qui affiche 22,4 pétaflops au benchmark HPL. Appelé Dammam-7, il est installé chez Saudi Aramco en Arabie Saoudite.