Selon le cabinet d'études Forrester, c'est en France que les offres triple play sont les plus attractives, la plupart des opérateurs alternatifs proposant leur formule à moins de trente euros. La situation hautement compétitive et dynamique du marché incite les FAI à se distinguer non plus en tirant sur les prix, mais en proposant des services : espace de stockage, services mobiles, convergence, etc. Les bas prix proposés sur le marché français tranchent avec ceux constatés dans les autres pays d'Europe de l'Ouest et contribuent à rendre les offres triple play plus populaires dans l'Hexagone que chez ses voisins. Ainsi, 8 % des consommateurs français sont d'ores et déjà équipés, contre 5 % des Européens. De même, 47 % des Français se déclarent intéressés par les offres triple play, contre 35 % des Européens. Malgré cet enthousiasme français, a priori annonciateur de juteuses retombées pour les opérateurs, Forrester met en garde France Télécom face à ce qui pourrait s'apparenter à un suicide. La conjugaison de deux éléments explique cette alarme tirée par le cabinet d'études. En premier lieu, l'investissement pour l'entretien et la mise à niveau des réseaux est extrêmement lourd au cours des dix premières années d'abonnement et ne décroît que de 3 % annuellement après la première décennie. En second lieu, Forrester note une faible progression des revenus par utilisateur. Toujours sur une période de dix ans, les FAI ne devraient constater qu'une progression annuelle du revenu par abonné de 2,5 %. Selon l'institut, les consommateurs français, s'ils sont avides d'offres triple play, apprécient avant tout le faible coût de ces dernières et ne sont pas disposés à payer pour des services TV supplémentaires, pourtant générateurs de valeur ajoutée pour les FAI. Au final, un abonné triple play chez France Télécom devrait coûter 4 311 € sur dix ans à l'opérateur historique. En dépit d'une forte croissance du nombre d'abonnés et de l'intérêt qu'ils portent aux formules d'abonnement "tout inclus" - Forrester prévoit une pénétration de l'IPTV dans 33 % des abonnements d'ici à dix ans - les revenus devraient donc plafonner et rendre le modèle économique pour le moins instable. Internet et la télévision numérique bientôt dans le service universel ? Bruxelles aussi songerait à inclure la télévision numérique dans le périmètre des services universels des télécoms. Alors que la Commission européenne indiquait, il y a deux mois, qu'elle ne ferait "aucune proposition pour changer le périmètre" du service universel - c'est à dire qu'elle ne l'étendrait pas au mobile et au haut débit - elle semble sur le point de faire, en partie, machine arrière. C'est ce qu'indique l'agence Reuters qui, dans une dépêche, révèle la volonté de Viviane Reding, la commissaire européenne à la société de l'information, de réviser le périmètre du service universel en l'élargissant aux services Internet - ce qui équivaudrait à transférer dedans l'intégralité du concept du triple play. Pour autant, selon l'agence de presse, l'obligation de service universel ne continuera à porter que sur les opérateurs de téléphonie fixe, et pas sur les opérateurs mobiles ou autres FAI.