Comme l’a rapporté le Wall Street Journal ce dimanche, citant une personne proche du dossier, les dirigeants de Dataminr ont récemment annoncé aux agences de renseignement que Twitter, qui détient environ 5 % du capital de la startup et lui fournit le flux de données (Twitter permet à Dataminr d’accéder en temps réel aux tweets postés sur le réseau social en ligne) ne voulait pas que l'entreprise continue à fournir ce service aux agences. La question de la surveillance des individus est au cœur des préoccupations depuis que l’ancien consultant de la NSA, Edward Snowden, a révélé que le gouvernement américain utilisait les entreprises de télécommunications et les fournisseurs de service Internet pour récolter des informations sur les utilisateurs.

Le réseau social semble vouloir se démarquer en montrant qu’il ne facilite pas cette surveillance. Twitter veut, semble-t-il, étendre aux sociétés externes, sa politique en matière d'utilisation des données, et des tweets en particulier. « Dataminr utilise les Tweets publics pour vendre des alertes et des informations de dernière heure à des entreprises comme le Dow Jones, société mère du Wall Street Journal, ou à des agences gouvernementales comme l'Organisation mondiale de la santé. Ces informations ne sont pas destinées à être utilisées à des fins de surveillance », a déclaré Twitter dans un communiqué dimanche. Ajoutant : « Nous n’avons jamais autorisé Dataminr ou un tiers à vendre ces données à un organisme gouvernemental ou à une agence de renseignement à des fins de surveillance ».

Analyse des flux Twitter en temps réel 

Selon le Wall Street Journal, qui cite une personne proche du dossier, « les agences de renseignement américaines avaient obtenu un accès au service de Dataminr au moment où In-Q-Tel, une société de capital de risque soutenue par les agences de renseignement américaines, a investi de l'argent dans l'entreprise ». Le réseau social a déclaré qu’il avait demandé à Dataminr d’interrompre ses relations avec les agences de renseignement, au terme de la période d’essai signée avec In-Q-Tel. Sur le site Internet d’In-Q-Tel, Dataminr n’apparaît pas dans la liste de son portefeuille d’entreprises. Les agences de renseignement surveillent de plus en plus les médias sociaux. Certains services comme Twitter sont largement utilisés par les organisations terroristes, le groupe Etat islamique notamment.

Un ancien directeur adjoint de la NSA, John C. Inglis, a déclaré au Wall Street Journal que la politique de Twitter n’était pas claire parce que les données que Twitter refusait de livrer aux agences de renseignement étaient accessibles au secteur privé. Selon certains rapports, par le passé, Dataminr, qui exploite en temps réel les données de Twitter et d'autres sources publiques pour en extraire des informations pertinentes ou des « alertes décisionnelles » pour le compte de divers clients, journaux, fonds spéculatifs, banques d'investissement, et autres entreprises, a déjà travaillé avec les autorités judiciaires pour les aider à surveiller les tweets et d'autres sources de données afin de repérer des menaces criminelles et terroristes potentielles.

Une pratique contestable 

L’entreprise, basée à New York, n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire adressé ce dimanche par notre confrère d’IDG NS. « Twitter est tout à fait dans son droit de refuser de faire office d’antenne des services d'espionnage américains », a réagi dans un tweet Jameel Jaffer, directeur adjoint aux affaires juridiques de l’Union américaine des libertés publiques (American Civil Liberties Union - ACLU)