Une attaque en déni de service distribué (DDoS) lancée à l'encontre d'une société asiatique de commerce électronique, pendant une semaine début novembre, a constitué jusqu'à présent l'incident le plus important de l'année dans ce domaine, selon Prolexic, une société qui protège les sites web contre de telles attaques. Quatre vagues successives ont été lancées à partir de botnets multiples entre le 5 novembre et le 12 novembre 2011, a précisé le spécialiste de la sécurité.

Ce dernier estime que jusqu'à 250 000 ordinateurs infectés avec le malware ont participé à l'attaque, nombre d'entre eux se trouvant en Chine. Au plus fort de l'assaut ces ordinateurs ont réalisé 15 000 connexions par seconde sur leur cible (la plateforme de la société de e-commerce), la noyant sous un trafic allant jusqu'à 45 Gbt/s, soit 69 millions de paquets par seconde indique Prolexic. Ce dernier n'a pas souhaité donner le nom de la société, qui est l'un de ses clients, en raison d'accords de confidentialité.

Des attaques pouvant être soutenues par l'Etat


La raison de l'attaque est inconnue, mais un utilisateur mécontent ou un concurrent effectuant un sabotage industriel sont deux des possibilités, a estimé Paul Sop, directeur technique chez Prolexic. « Parfois, nous voyons aussi une attaque soutenue par un Etat ou par des factotums, car une large quantité de paiements sur Internet sont effectués hors du pays dans le cadre des transactions de e-commerce », a-t-il ajouté. « L'Etat ne collecte pas d'impôts sur ces dernières, et dans certains pays, les transactions de e-commerce sont prises pour cibles ». Arbor Networks, un autre société qui lutte contre les attaques par déni de service,  n'a pas eu d'informations sur cette attaque, mais a déclaré que la description réalisée par Prolexic était conforme aux données recueillies récemment.

L'ampleur du phénomène décrit par Prolexic est plausible, et se situe juste au-dessus de ce que nous avons pu voir au cours troisième trimestre, a pour sa part  déclaré Jose Nazario, chercheur en sécurité chez Arbor Networks. Pour lui, et bien que ce type d'attaque soit jusqu' a présent la plus importante cette année, elle est loin d'être la plus massive de tous les temps. Le chercheur a rappelé que la plus grande attaque observée par Arbor en 2010 avait culminé à plus de 100 Gbt/s.

Des attaques moins puissantes mais plus nombreuses


Prolexic a également indiqué avoir observé des incidents de plus de 100 Gbt/s dans le passé. La firme considère que les attaques sont généralement moins puissantes aujourd'hui, mais que leur fréquence a augmenté. « Il ya encore des milliers de botnets capables de prendre 99% des sites web sur Internet » a exposé Paul Sop. « Actuellement, les pirates préfèrent utiliser la puissance combinée de plus petits réseaux de botnets au lieu d'en construire de plus grands. « Si vous vous appuyez sur un botnet géant  il est probable que cela attirera davantage l'oeil des professionnels de la sécurité. Les attaquants savent qu'ils peuvent rester sous le radar si leur botnets contrôlent moins de 50 000 postes ».

Cette année, la plupart du trafic DDoS est sorti de l'Asie, mais le problème reste mondial. Par exemple, la semaine dernière Prolexic a enregistré un certain nombre d'attaques provenant d'Europe de l'Est. Toutefois, si l'on compte le nombre d'ordinateurs infectés qui ont participé à des attaques DDoS, la Chine et les États-Unis occupent les premières places.