Yahoo n'entend pas laisser à son concurrent Google le monopole des nouveautés. Ainsi, le moteur de recherche a annoncé la mise en place de l'Open Content Alliance (OAC), un projet proche de Google Print qui avait déclenché un contre-projet européen mené par Jean-Noël Jeanneney. Tout comme son homologue, Yahoo entend en effet offrir aux internautes l'accès à des millions de livres numérisés en partenariat avec Internet Archive, les Universités de Toronto et de Californie, les archives nationales du Royaume-Uni, le groupe de presse O'Reilly, les archives Prelinger etc.

Le projet de Yahoo diffère cependant de celui de Google par deux aspects fondamentaux. Le premier porte sur la nature des oeuvres numérisées. Là où Google n'envisage de proposer que l'accès à des livres, Yahoo va plus loin en incluant dans les rayonnages de sa médiathèque des vidéos et de l'audio. Une sorte de prolongement des services Yahoo Video/Audio Search. Une telle diversité évoque une référence prestigieuse à Brewster Kahle, fondateur d'Internet Archive : « la bibliothèque d'Alexandrie, l'accès universel à la connaissance. C'est maintenant techniquement réalisable ».

L'autre point de divergence entre les projets des deux principaux moteurs de recherche tient à la nature juridique des médias mis au catalogue. Google a suscité l'ire des auteurs américains en choisissant de numériser indifféremment les contenus soumis au copyright et ceux qui ne le sont pas, en se basant sur le principe de l'opt-out (l'accord du détenteur des droits est présumé). La réaction des auteurs a été immédiate : l'Author's Guild, qui regroupe environ 8000 auteurs américains, a poursuivi Google pour violation du droit d'auteur. Yahoo devrait éviter ce genre de difficulté en adoptant une démarche différente. Si la plupart des supports numérisés sera en effet constituée d'oeuvres soumises au copyright, ces dernières n'intègreront le catalogue qu'à partir d'une démarche volontaire de leur auteur. L'OAC se concentrera en outre sur l'ensemble des ouvrages tombés dans le domaine public. Ils représenteraient environ 15 % du contenu des bibliothèques universitaires américaines.

A la différence de Google Print, uniquement accessible à partir du moteur de recherche éponyme, le projet de Yahoo ne sera pas réservé à un seul site mais apparaîtra dans les résultats de tous les outils de recherche...Google y compris.