Anticipant un éclaircissement sur un marché de l’archivage stimulé par l’augmentation de la quantité de mégadonnées, Fujifilm, avec Sony l’autre fabricant de cartouches LTO, fait progresser l'état de l'art dans la bande magnétique. Comment ? Avec des prototypes capables de stocker plus de 96 To bruts (LTO-11) à l’orée 2025, contre 12 To aujourd’hui (LTO-8). Fujifilm prévoit même des cartouches de 192 To brutes (480 compressés) avec la génération LTO-12 attendue en 2032/33, les LTO-13 monteraient même à près de 400 To, soit une densité de 224 Gbits par pouce carré alors que les cartouches LTO actuelles plafonnent à 8 Gbit par pouce carré. Rappelons que les plateaux d’un disque dur oscillent entre 7000 et 1700 Gbits par pouce carré. Autrement dit, la densité en bits des disques durs est beaucoup plus importante que celle des bandes LTO.

A l'aide du ferrite de strontium, Fujifilm prépare des cartouches LTO-12 d'une capacité brute de 192 To. (Crédit Fujfilm)

Les chercheurs de Fujifilm ont mis au point un certain nombre de nouvelles techniques pour extraire davantage de données sur la bande. La ferrite de strontium remplacerait la ferrite de baryum dans la composition des bandes des cartouches LTO actuelles (voir illustration ci-dessous). Fujifilm a développé un moyen de broyer les particules de ferrite de strontium utilisées pour fabriquer la bande magnétique beaucoup plus finement, sans utiliser de méthodes coûteuses de pulvérisation de métal ou de revêtement par évaporation. Cela permet à des particules beaucoup plus petites d'être placées dans des pistes, et heureusement selon le japonais, la ferrite de strontium présente des propriétés allant dans le même sens que la ferrite de baryum, mais au-delà pour des performances plus élevées tout en augmentant simultanément la densité des particules. Fujifilm estime aujourd’hui que les 400 To sont la limite de la ferrite de strontium, indiquant que de nouveaux matériaux seraient nécessaires pour aller plus loin. 

L'utilisation du ferrite de strontiumu permet à Fujifilm d'augmenter la densité en particules de ses bandes LTO. (crédit : Fujifilm)

La bande reste moins chère

La bataille entre les deux technologies - bande et disque dur - n’est donc pas terminée sur le marché de l’archivage. Loin d'être rendue obsolète par les disques durs et la NAND flash, la bande conserve un bel avenir devant elle. Elle est toujours moins chère et plus économe en énergie que les autres modes de stockage, ce qui en fait un support naturel pour conserver des mégadonnées à long terme, fait valoir Fujifilm. Les fichiers de sauvegarde, les archives vidéo et audio, les copies supplémentaires de données pour la reprise après sinistre et à des fins réglementaires doivent tous être conservés même s'ils sont rarement utilisés. Comme l’explique aujourd’hui la compagnie japonaise, « toutes vos données stockées sont aujourd’hui sur des cartouches ». C’est en effet un paradoxe du marché du stockage, avec la hausse croissance des données produites par les entreprises et les utilisateurs grand public, les ventes de NAND flash augmentent, tout comme celles des disques durs et des cartouches LTO. La production de données n’a jamais été aussi importante et selon les chiffres avancés par Fujifilm, 97% des données archivées par les 10 000 premières entreprises européennes le sont sur des bandes.

L’autre innovation présentée par Fujifilm lors de cet IT Press Tour virtuel  organisé par Condor Consulting en juin dernier porte sur le support du format objet - dans lequel chaque fichier est décomposé éléments répartis sur plusieurs noeuds - sur les cartouches LTO. Nous reviendrons sur ce point - Software Defined Tape - dans un prochain article.